Pendant qu’Emmanuel Macron annonçait il y a quelques jours, à l’occasion de la Conférence nationale du handicap, que les fauteuils roulants seront intégralement remboursés dès 2024 en étant intégrés au 100% Santé, la 1ère ministre Elizabeth Borne était chargée de faire passer la pilule auprès des complémentaires santé.
« Il ne faut pas hurler avant d’avoir mal »
Elle répondait jeudi 27 avril aux questions des journalistes de l’information sociale sur l’extension du 100% Santé et ses conséquences pour les Ocam. Parmi leurs inquiétudes, le remboursement des fauteuils roulants, mais aussi celui des prothèses capillaires et des soins d’orthodontie. Il y a aussi une évolution prévue du panier A en optique et dont les contours sont encore très flous.
« Je ne suis pas sûre que la situation financière des Ocam soit affolante »
Elizabeth Borne a répondu de la manière suivante : « Peut-être que les mutuelles pourront avoir leur part à jouer », mais « peut-être qu’il ne faut pas hurler avant d'avoir mal ». Puis elle a ajouté : « Je ne suis pas sûre que la situation financière des complémentaires santé et des assurances soit affolante ».
Elle a semblé déçue que le sujet de l’élargissement des prises en charge soit considéré comme insurmontable : « Dès que l’on veut faire une avancée, que l’on dit que l’on va se mettre collectivement autour de la table pour trouver une solution, on nous dit que c’est une catastrophe ». « Quand on parle de passer au 'zéro reste à charge' pour les fauteuils roulants, on peut se dire que c'est une bonne nouvelle qu'on se préoccupe du sujet ».
Comment financer cette extension du 100% Santé ?
Elle a aussi cherché à rassurer : « Il y a des marges de manœuvres qui permettent de mettre en œuvre ce zéro reste à charge sans créer des coûts supplémentaires pour les bénéficiaires. » Il existe par exemple « des financements, comme la Prestation de compensation du handicap », versée par les Départements, qui participent déjà au financement des fauteuils à hauteur de plusieurs milliers d’euros par bénéficiaire.
Rappelons que, selon l’Unocam, les paniers de soins remboursés à 100 % en dentaire, optique et audio ont coûté 2 milliards d'euros en 2022, pris en charge à 62 % par les assureurs. Il y a quelques jours, Séverine Salgado, directrice générale de la Fédération nationale de la Mutualité française a prévenu que « toute prise en charge supplémentaire par les complémentaires a un impact, au final, sur les cotisations des assurés ».
Mais bon on sait que l'Etat essaye de s'appuyer sur des liens, des accords et des faveurs accordés aux mutuelles (comme la mutuelle d'entreprise obligatoire, la chasse aux opticiens via les réseaux fermés, la mise en place et la baisse successive du plafond de remboursement des montures, le remboursement différencié, etc). Ils ont accordé des faveurs aux mutuelles en espérant qu'ensuite elles renverraient l'ascenseur en finançant leur réforme 100% santé et d'autres. Et quand les mutuelles ont augmenté leurs cotisations en se basant sur l'argument du financement du 100% santé là le gouvernement s'est rendu compte que les mutuelles avaient volontiers pris ce qu'il leur avait donné mais que le renvoi d'ascenseur marchait curieusement moins bien. Le gouvernement a vraiment été naïf pour le coup. Les mutuelles sont des entreprises privées. Encore plus, ce sont des groupes financiers. La santé c'est leur gagne-pain, pas une ambition ou une valeur, encore moins un idéal. Leur but est de gagner de l'argent. Peu importe que ce soit dans le domaine de la santé, le but reste le même et n'est certainement pas d'améliorer la santé des gens. L'Etat a été naïf de croire le contraire. Et pire encore ils ont mis tous leurs oeufs dans le même panier. Ils ont fait 100% confiance aux mutuelles, leur ont accordé tous les avantages [...] maintenant les mutuelles sont toutes puissantes, encore plus qu'avant. Elles sont donc encore plus en position de force et ont donc encore moins besoin de respecter un renvoi d'ascenseur envers le gouvernement. Quelle naïveté !