Rififi entre les audioprothésistes et les plateformes de santé. Le Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf) s’attaque à l’appel d’offres de Santéclair pour le renouvellement de son réseau audioprothèse. En effet, l’Unsaf estime que « le manque de concertation flagrant avec la profession et les polémiques permanentes avec les professionnels de santé mènent la S.A. Santéclair dans une impasse, avec le risque de porter préjudice aux patients ».
Le syndicat dénonce tout d’abord la taille du réseau audioprothèse Santéclair qui, selon les estimations des professionnels, compterait 300 audioprothésistes, soit à peine 10 % des professionnels en exercice. A titre de comparaison, l’UNSAF indique que le réseau Audistya en regroupe 80 % et le réseau Kalivia 70 %. « Santéclair a annoncé un chiffre d’affaires transité par leur réseau de 12,9 M€ pour 2014, soit environ 1,3 % du marché de l’audioprothèse, estimé à 1 Md€ par l’IGF. Il est donc abusif d’évoquer un « réseau audioprothèse Santéclair . Celui-ci reste symbolique six ans après sa création et ne permet pas un service de proximité, ce qui est très pénalisant pour les déficients auditifs, dont 75 % ont plus de 65 ans et dont la satisfaction est conditionnée à plusieurs visites annuelles chez leur audioprothésiste », souligne le syndicat.
Autre grief : les tarifs « maxima » exigés par Santéclair. Alors que les tarifs moyens français sont clairement dans la moyenne basse européenne, les tarifs fixés par Santéclair sont totalement hors normes en Europe. « Pour comparaison, les utilisateurs de cette plateforme paieront une cotisation à leur complémentaire santé pour un matériel et des services associés dont la valeur pourra être inférieure à celle que la solidarité nationale accorde gratuitement aux bénéficiaires de la CMU-C, soit un appareillage complet garanti 4 ans pour 700€ », s’insurge l’Unsaf.
Le syndicat rappelle également que l’audioprothésiste est un professionnel de santé qui assure un accompagnement de qualité sur la durée; choix de l’audioprothèse en fonction du besoin du déficient auditif, adaptation de l’appareil avec les équipements du plateau technique, suivi sur 5 ans, ajustements…
Certains des critères de sélection demandés par Santéclair paraissent donc pour le moins surprenant à l’Unsaf : « accès Wi-Fi dans la salle d’attente », « service de boissons chaudes ou froides dans la salle d’attente », « volume supérieur à 22 m3 de la cabine »… L'Unsaf regrette le manque de concertation flagrant avec la profession.
Face à toutes ces critiques, Santéclair a réagi aujourd’hui et « dénonce les mensonges avancés par le principal syndicat d’audioprothésistes ». Et de réaffirmer d’abord que « le réseau d’audioprothésistes partenaires de Santéclair rassemble 800 centres d’audition répartis sur tout le territoire » et que « dans leur très grande majorité (85%), les bénéficiaires disposent d’un audioprothésiste à moins de 15 km de leur domicile ».
Dénonçant un reste à charge de 2 300 € hors réseau Santéclair, la plateforme indique que « le réseau d’audioprothésistes de Santéclair actuellement en cours de renouvellement proposera des tarifs 35% moins élevés que ceux du marché ». Sur les critères de sélection jugés absurdes par l’Unsaf, Santéclair explique avoir « réuni des malentendants et des enfants de malentendants afin de comprendre leurs attentes en matière de services. Ces trois critères font partie des éléments ayant émergé de ces consultations. Mais ils ne comptent que pour 3% dans le score final qui nous sert à établir notre sélection ». Et de poursuivre : « l’Unsaf omet ainsi de dire que l’appel d’offre de Santéclair restreint l’accès à son réseau aux centres au sein desquels un audioprothésiste exerce au moins 4 demie-journées par semaine. Plus le temps de présence de l'audioprothésiste est élevé, meilleur est le score du centre et plus ses chances d’intégrer notre réseau sont élevées ».
En conclusion, Santéclair affirme que « face aux restes à charge élevés auxquels les patients sont soumis, les réseaux de soins, celui de Santéclair notamment, constituent le seul véritable outil pour diminuer le renoncement aux soins qui touche de plein fouet le secteur de l’audioprothèse. Notre objectif a été et sera toujours de faciliter l'accès aux aides auditives à des tarifs plus abordables et dans les meilleures conditions de qualité possibles ».
De telles pratiques me laissent sans voix détournement de clientèle cautionné par la classe politique droite (PPL Fourcade) comme gauche (loi Le Roux). Ce sont des irresponsables!!!
Investir plus pour être moins payé: Il est demandé aux praticiens de baisser leurs tarifs de façon drastiques tout en baissant leurs tarifs, c'est à dire la rémunération de leur prestation, je pense que les dirigeants de Santéclair ont envisagé à court terme de s'appliquer à eux même cette politique et que Mes Touzier et Binst vont rapidement revoir leurs salaires à la baisse, 150% du Smic me semblerait honnête au vu de leurs philosophie.
Locaux de taille supérieure à 22m3, exercice d'au moins 4 jours dans les locaux et couverture du territoire pour permettre une proximité de moins de 15km: Le rapprochement entre nos deux profession se développe en grande partie par la présence occasionnelle mais régulière d'audioprothésistes dans des locaux d'opticiens, ces derniers mettent à leur disposition une salle conforme a la législation, soit de 15m3 minimum, les journées d'exercices sont généralement de moins de 4 jours car l'audioprothésiste interviens sur plusieurs sites, c'est généralement parfait pour permettre une présence dans des localités de petite taille et dont la population vieillissante apprécie ce service de proximité mais qui ne justifient pas l'existence d'un gros centre, 15km étant pour eux une distance parfois difficile à parcourir sans avoir recours à de l'aide extérieure, familiale, mais pas nécessairement disponible, ou payante, ce qui va à l'encontre de l’intérêt financier du patient. Le regroupement en des lieux moins nombreux avec des locaux plus couteux est de plus peu compatible avec la recherche de baisse tarifaire, mais puisque selon les amis de Santéclair, autant les tarifs en optiques sont trop élevé en raison du nombre trop important de boutiques et qu'autant les tarifs en Audioprothèse sont trop élevé en raison du manque d'audioprothésiste, il serait utopique d'attendre la moindre cohérence dans leurs discours et diktats.
Enfin, le discours hypocrite sur la volonté de rendre plus abordable des prestations plus qualitatives est commun à tous ces organismes qui cachent leurs volonté réelle de médiocratisation des professions de santé au profit de la rentabilité de leurs structures (et probablement même pas des Ocams qui finissent par être également leurs proies).
Pour terminer, tout cela n'a en fait que peu d'importance, et les syndicats devraient avoir le respect de leur profession qui consiste à refuser tout accord avec des structures extérieures donc l'infiltration insidieuse dans les tarifs implique une mise en cause des pratiques professionnelles et à terme une perte qualitative pour le patient. Que les Ocams fassent leur travail d'intermédiaires de paiement et de mutualisation des risque de santé et qu'elles laissent aux professionnels de santé la responsabilité de leurs pratiques.