L’assurance au comportement n’est officiellement plus un mirage en France ! Comme nous vous l’annoncions dans notre news du 24 août dernier, Generali France a dévoilé hier, 5 septembre, son premier programme visant à récompenser les bonnes attitudes des assurés en matière de santé. Effectif à compter du 1er janvier 2017 au sein des entreprises, Generali Vitality a été construit en partenariat avec le géant sud-africain Discovery.

Objectif : « répondre aux enjeux de bien-être au travail »

Les Français sont de plus en plus sensibles à la prévention en matière de santé : 82% d’entre eux veulent mettre en œuvre des actions de prévention pour agir sur leur santé. 55% souhaitent bénéficier des conseils et d’un accompagnement personnalisé dans la durée en matière de prévention*. En outre, 80% des salariés estiment que l’entreprise a un rôle à jouer pour contribuer à leur bonne santé. L'objectif affiché par Generali est donc de « répondre aux enjeux de bien-être au travail ». Tout cela sonne très bien mais nos concitoyens accepteront-ils que leur santé soit surveillée de près par un organisme assureur… Rien n’est moins sûr !

Notons que le programme Vitality n’est encore qu’en phase de lancement. Il est déployé en France et en Allemagne, deux des principaux marchés du groupe, selon des modalités différentes, en fonction des stratégies et réglementations locales. Outre-Rhin, Generali Vitality a été lancé le 1er juillet dernier pour les clients individuels souscrivant un contrat de prévoyance ou d’invalidité professionnelle. Il permet aux bénéficiaires de moduler leur prime d’assurance en fonction de leur mode de vie.  

Un programme en trois étapes 

En France, Generali Vitality sera mis en place au sein des entreprises qui le souhaitent. Avec un objectif affiché par le groupe de 20% de contrats, les salariés pourront, sur la base du volontariat, décider de suivre ou non le programme. Il est constitué de 3 étapes :

- Etape 1 : le salarié est invité à évaluer son alimentation, son mode de vie, sa santé à travers un questionnaire en ligne… A l’issue du questionnaire, un âge Vitality est déterminé, et des objectifs personnalisés lui sont proposés.

- Etape 2 : Le salarié qui décide de s’engager suit les recommandations du programme pour atteindre les objectifs fixés et cumuler des points.

- Etape 3 : Plus le salarié cumule de points, plus son statut est élevé et plus il obtient de récompenses auprès des partenaires de Generali Vitality, tels que Club Med, Look Voyages, Wedoogift (Sephora, Fnac, Decathlon). Il existe 4 statuts : bronze, argent, or et platine, donnant droit à différents niveaux d’avantages.

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Confidentialité des données

Mais déjà le concept est loin de séduire tout le monde. Si dans l’Hexagone, Generali ne propose pas de baisse des tarifs en fonction de l'état de santé (dit « Pay how you live ») comme en Allemagne, beaucoup craignent que ça n'en soit que les prémices. Aussi, Vitality ne s'appuie pas moins sur la collecte de données personnelles de santé. Un sujet sensible ! En juillet dernier, la ministre de la Santé Marisol Touraine avait vu d'un mauvais oeil l'arrivée imminente de « Vitality ». « L'open data en santé impose des règles précises et j'ai fait le choix, dans la loi, de ne pas permettre aux assureurs d'accéder sans filtre à ces données parce qu'il n'y a pas là des enjeux d'intérêt public. Accéder aux données de santé doit être fait pour faire progresser la recherche, faire progresser des programmes de soins », avait souligné la ministre. Insuffisant, pour le patron du PS notamment. Sur Twitter ce lundi,  Jean-Christophe Cambadélis a fait part de sa méfiance envers l'entreprise. « Faire payer les assurés en fonction de leur mode de vie comme le propose Generali, c'est sacrifier la liberté sur l'autel de la rentabilité », estime le député.

Pour sa part, Generali précise que le programme Vitality « garantit une politique stricte de protection des données. Ni l’assureur, ni les employeurs n’auront accès aux données de santé et de bien-être des salariés. Ensuite, quand le salarié décide d'arrêter le programme, il y a une anonymisation irréversible de ses données », assure l’organisme.

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exemple de profil d'assuré

Genrali France ira-t-elle plus loin ? 

Sur Sud Radio, Frédéric Bizard, économiste et auteur de "Complémentaire santé : le scandale", a estimé que le programme Vitality vient travestir le système de santé français. "C’est un buzz pour se différencier. Il y a un choix politique à faire ». De son côté, le Dr. Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l'UFML, a fait part de ses craintes quant aux dérives pouvant découler de cette formule de complémentaire santé. Face à eux, Jean-François Tripodi, directeur général de Carte Blanche Partenaires, a rappelé qu'il y a une réglementation en France. Les entreprises sont notamment dans l'obligation de déclarer les données auprès de la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés). 

Ecoutez le Débat d’Expert de Sud Radio avec Frédéric Bizard, économiste et auteur de « Complémentaire santé : le scandale », le Dr. Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l'UFML, et Jean-François Tripodi, directeur général de Carte Blanche Partenaires.

*Etude Deloitte 2016 sur la santé