Comme nous l’avons annoncé dimanche 23 février, pour la première fois de son histoire, le Mido a été annulé, en raison des mesures sanitaires prises par le gouvernement italien face à la propagation du coronavirus dans la Péninsule. Vendredi 21 février, une réunion a été organisée en France au ministère de l’Economie pour évaluer les conséquences sur tous les secteurs de la crise sanitaire qui touche désormais l’Europe. Quel peut être son impact sur notre filière ?
Depuis le début de la semaine, les retombées de l'épidémie de coronavirus sur l’activité dans le monde entier évoluent rapidement : des pans entiers de l’économie mondiale sont touchés et doivent affronter à la fois la chute de la consommation asiatique et la perturbation de la production en Chine.
Un effet difficile à mesurer encore
Lors de la réunion au ministère de l’économie, vendredi dernier, c’est moins la filière optique que l’industrie pharmaceutique qui a fait état pour le moment de désorganisation de sa supply chain. Compte tenu de la période pré-Mido, l'industrie optique bénéficie pour le moment de stocks suffisants, tant en verres qu’en montures. Néanmoins, les lunetiers français pâtissent déjà des difficultés d’accès aux marchés asiatiques. Et la crise sanitaire que subit la Chine, centre névralgique de la production mondiale, a entraîné soit des fermetures d’usine, soit un redémarrage au ralenti des capacités de production après le Nouvel An chinois. De quoi s’interroger sur les ruptures prochaines d’approvisionnement, qu’il s’agisse des équipements ou des composants (semi-finis, charnières, etc.). Sans compter le blocage des transports internationaux par containers ou par avion.
Les perturbations sur l’activité de la filière optique en France dépendent donc largement du volume des stocks actuels et des délais de remise en marche des usines en Asie. Reste qu’une fois la machine repartie se poseront sans aucun doute des problèmes d’engorgement de toute la chaine logistique. Certains acteurs du secteur ne cachent plus leur inquiétude face à une situation qui pourrait ne revenir à la normale que l’été prochain.
Vers un repositionnement des stratégies d’approvisionnement ?
Cette désorganisation à prévoir est une difficulté supplémentaire pour les opticiens et les fabricants en ce début 2020, déjà plombés par l’entrée en vigueur chaotique du 100 % Santé. Et doit faire réfléchir sur la forte dépendance de notre filière vis-à-vis des approvisionnements venus d’Asie. Face à une demande croissante due à la mise en place chez tous les opticiens de l’offre panier A constituée en quasi-totalité de produits asiatiques, les stocks actuels risquent en effet de s’épuiser assez vite et la remise en route de toute la supply chain d’être très progressive. Idem pour les matières premières, composants, pochettes, emballages et cartons.
Cette situation, inédite, pourrait inciter tous les acteurs de la filière, les opticiens au premier chef, à diversifier leurs sources d’achat et à privilégier davantage des équipements issus de circuits plus courts. Une réflexion stratégique qui va d’ailleurs dans le sens des aspirations croissantes des consommateurs de produits fabriqués localement et moins coûteux en empreinte carbone.