Depuis hier, lundi 12 février à 13h, les portails Viamedis et Oxantis sont remis en service. Toutefois, les prises en charge ne peuvent pas encore être enregistrées. Hier après-midi, les plateformes de tiers payant étaient surchargées, car vous êtes connectés en même temps pour réinitialiser et sécuriser vos mots de passe. « Mes dossiers continuent de s’empiler », peste Esteban, opticien à Bordeaux. « Bon nombre de mes clients préfèrent attendre que les plateformes refonctionnent avant de valider la vente. Surtout quand les montants sont conséquents », constate-t-il.
Vos clients dans l’attente
« Ce n’est pas faute de proposer des facilités de paiement, mais les porteurs de lunettes rechignent à s’engager, car nous ne savons pas combien ils seront remboursés », fait savoir Sabine, opticienne à Strasbourg. Ces témoignages corroborent les résultats de notre sondage du 6 février dernier : sur les 955 réponses obtenues, dans 62% des cas, l'opticien choisit la monture et met le dossier de côté quand la plateforme de tiers payant ne fonctionne pas.
Anthony, opticien dans le 92 va plus loin et remet en question le système actuel : « on a tellement mal habitué nos clients à proposer systématiquement le tiers payant qu'il est difficile de changer les habitudes. C'est regrettable. J'espère qu'à l'avenir toute la profession va enfin prendre conscience qu'il faut trouver d'autres solutions pour sécuriser les données des clients et ne plus être dépendant des plateformes », estime l'opticien. « Depuis le piratage, mon état d'esprit a changé et en prenant le temps d'expliquer à mes clients les conséquences de cette cyberattaque (plus de 33 millions de personnes sont concernées par un vol de données, ndlr), certains acceptent de se faire rembourser à postériori leurs lunettes ou leurs lentilles », poursuit-il.
Sans exprimer d’inquiétudes pour le moment, les opticiens interrogés nous ont confié que ce mois de février est clairement impacté par les cyberattaques. D'une manière générale, vous constatez une baisse de trafic en magasin. Les clients repoussent très certainement leur achat suite aux messages envoyés par les mutuelles leur informant de la situation, comme l'oblige la CNIL.
Vers un retour à la normale ?
En moyenne, un adhérent sur 4 dispose d'une carte de mutuelle de l'organisme de tiers payant Viamedis qui compte 20 millions de bénéficiaires. Résultat : selon la zone de chalandise, on estime que les dossiers bloqués représentent au moins entre 10 et 20% de votre chiffre d'affaires.
Sans trop s’avancer, on peut s’attendre à un rattrapage des ventes dans les quinze derniers jours du mois de février. Mais la situation devrait se décanter progressivement, car des travaux sont toujours en cours sur les plateformes pour sécuriser les accès.
Dans la matinée, nous allons vous proposez un sondage pour mesurer la perte de votre chiffre d'affaires sur ce mois de février versus 2023.
À noter que le site de Viamedis est saturé et inaccessible ce matin du mardi 13 février.
Ces plateformes consacrent beaucoup de moyens pour effectuer des contrôles sur les professionnels de santé pour des demandes de prise en charge de quelques euros parfois créant ainsi un climat malsain de suspicion autour des professionnels de santé.
J'avais signalé à l'une d'entre elles l'an dernier un bug sur la plateforme avec l'apparition de dossiers d'assurés sur mon compte alors que ces assurés n'ont jamais été mes clients : cela a duré quelques jours avant qu'ils ne disparaissent. Je n'ai eu aucune explication de la part de cette plateforme, ce qui n'est vraiment pas rassurant.
Ces plateformes doivent être entièrement réorganisées et revoir leurs priorités face à un tel échec de protection des données. Leur activité devrait être encadrée de manière plus précise par les autorités, ministère de la santé en premier. Les professionnels de santé devraient au travers de leurs syndicats exiger des conditions de sécurité suffisantes auprès de ces plateformes de même qu'une communication améliorée avec ses dernières - il faudrait que leur service clients monte en gamme pour signer une nouvelle convention afin que celle ci ne soit pas léonine comme c'est le cas maintenant.
Et puis, pourquoi ne pas faire ce travail d'interface entre le professionnel de santé et la mutuelle de l'assuré par la Sécurité Sociale ? Il serait plus facile d'appliquer la réglementation et la Sécu semble avoir de meilleures aptitudes à protéger les données. Je pose la question.