Ce lundi 17 juin, Yohann a réalisé un temps de 52'90 au 100m dos lors du championnat de France de natation, arrivant 2e derrière Mewen Tomac, lui permettant d'être qualifié pour les Jeux Olympiques 2024.
Les Jeux Olympiques* approchent à grand pas, cela n'a échappé à personne. Et certainement pas au champion d'Europe et recordman français du 200m dos en bassin de 50 mètres, Yohann Ndoye Brouard, 23 ans. Fin juin, il devra se qualifier pour les Jeux Olympiques pendant les championnats de France, et il pourra participer pour la 2e fois à la plus grande compétition sportive du monde.
Quand nous l'avons rencontré au Silmo 2022, il nous avait raconté ses 1ers Jeux Olympiques, à Tokyo en 2021. Cette compétition lui avait laissé un goût amer. Son kératocône lui a fait manquer l'occasion d'obtenir une médaille.
Les flashs des projecteurs
Les Jeux Olympiques, c'est l'ultime défi sportif. Pour un tel spectacle, les éclairages sont particulièrement puissants pour mettre en lumière les performances. Nageant sur le dos, Yohann a été ébloui par les lumières et a percuté le mur avec sa tête, stoppant ses chances de podium alors qu'il disputait la demi-finale.
Ébloui par les lumières, Yohann Ndoye Brouard percute le mur avec sa tête lors de la demi-finale du 100m dos aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021
Évaluer la situation
Son kératocône, sous-estimé jusque-là par Yohann - qui avait pris l'habitude de nager les yeux fermés - et par son entraineur, est devenu un problème qu'il fallait régler.
Dans son entourage, il y a Didier Rosset, opticien à Chambery, qui le suit depuis des années. « On avait 3 problèmes à régler. Celui de l'éblouissement, lié à son kératocône. Le 2e problème, c'était celui de l'acuité visuelle : quand il arrivait à la fin de ses courses, il ne voyait pas le tableau d'affichage. Et le 3e, le plus important, c'était la confiance en lui ».
Didier Rosset, opticien à Chambery, a realisé les bons équipements pour être performant
Constituer l'équipe pour traiter la menace
De fil en aiguille, une équipe de professionnels de la vue se constitue :
- Son ophtalmologiste, le Pr Gabison, qui a diagnostiqué et le suit pour son kératocône
- Essilor pour la conception et la fabrication des verres
- Transitions pour son traitement photochromique de référence
- Didier Rosset, l'opticien-architecte qui réalise l'équipement final, non sans "s'arracher les cheveux" pour surmonter les contraintes techniques.
Régler le problème
La contrainte technique, c'était de parvenir à fixer des verres correcteurs dans des lunettes de natation de son sponsor Arena, dont la surface est très petite et surtout plate, et en contact permanent avec l'humidité. « Ça a été une belle aventure, à chaque fois qu'on trouvait une solution, il y avait un nouveau problème qui apparaissait », s'amuse Didier Rosset.
Mais à force de persévérer, l'équipement fut réalisé, embarquant des Transitions Xtractive, qui foncent au soleil et non aux UV, ce qui permet aujourd'hui à Yohann de nager dans n'importe quel environnement, intérieur comme extérieur, de jour comme de nuit. Ensemble, l'équipe ophtalmique autour de Yohann lui a donné une acuité visuelle multipliée par 3.
La collaboration autour d'un défi commun a permis de réaliser 2 paires de lunettes correctrices opérationnelles et adaptées spécifiquement pour Yohann - et l'aider dans sa conquête.
Yohann Ndoye Brouard chez son opticien à Chambéry
Yohann, accompagné de sa mère, essaie les lunettes de natation chez Didier Rosset, opticien à Chambéry.
Développer ses capacités
Aujourd'hui, Yohann s'entraine tous les jours - sauf le dimanche - jusqu'à 6h par jour. Il mène en parallèle des études de kinésithérapeute. Avec, ces derniers mois, des entrainements à hauteur de 60km/semaine.
Préparer le spectacle
Il part en pleine forme, bien équipé, et confiant pour sa qualification aux championnats de France à Chartres du 16 au 21 juin prochain. Objectif : se qualifier pour les JO en 100m et 200m dos. Pour cela, il faut réaliser le temps minima : pour le 100m, 53 secondes et 7 dixièmes, et pour le 200m 1'57''5. Des temps qu'il a déjà dépassé de plusieurs secondes auparavant. « Les minima sont plutôt une formalité, mais il faudra être dans les 2 premiers, ce qui sera plus dur. »
Confiant mais prudent
« Les JO, c'est une 2e pour moi, et c'est bien d'avoir eu cette expérience. C'est stressant mais au moins je sais où je mets les pieds. Je connais la pression et l'engouement qu'il y a autour de cet évènement et je suis bien préparé pour ça. Je prend cela comme une répétition des compétitions que j'ai pu faire auparavant ».
Esquiver les pièges
« Il y a au moins 3 "pièges" au Jeux Olympiques. Être impressionné quand on croise les meilleurs athlètes du monde. Le risque de dévier d'une bonne diète avec tout ce qui est mis à notre disposition 24h/24. Et le programme très minutieux, notamment avec la contrainte des transports qui peuvent perturber les habitudes d'organisation ».
*Les Jeux Olympiques 2024 ont lieu du vendredi 26 juillet au dimanche 11 août et du 28 août au 8 septembre pour les Jeux Paralympiques. Quelles conséquences sur votre activité pendant cette période ? Découvrez ici les intentions d'organisation de vos confrères.