Si certains députés et sénateurs sont favorables à limiter le périmètre d'action de l'Aide Médicale d'État (AME), la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a indiqué ce mercredi que l’AME « est un sujet de santé publique, voire même de salubrité publique. Je ne suis pas pour sa suppression ».

Pour autant, à l'heure où l'État cherche à faire toutes les économies possibles pour contrôler son budget notamment dans le le domaine de la santé, aucun service public n'est vraiment à l'abri d'une réforme.

Un coût global de 1,15 milliards d'euros par an

L'Aide Médicale d'État est un dispositif créé en 1999 qui vise à fournir un accès aux soins aux étrangers en situation irrégulière sur le territoire français. Pour en bénéficier, une personne doit résider en France depuis au moins trois mois et avoir des ressources inférieures à un certain seuil.

L'AME représente 0,5 % du budget de la sécurité sociale et couvre une gamme de soins allant des maladies graves aux soins préventifs. Cependant, ce dispositif est régulièrement critiqué pour son coût, estimé à 1,15 milliard d'euros en 2023.

L'AME donne droit à la prise en charge à 100 % des soins médicaux et hospitaliers dans la limite des tarifs de la sécurité sociale 

Une prise en charge optique dérisoire pour les bénéficiaires de l'AME

Ceux qui dépendent de l'AME n'ont pas d'accès intégral au panier A, ils font partie des exclus du 100% Santé.

Leur situation ne leur ouvre que des droits limités, soit un remboursement à hauteur de 30% des PLV du panier A (9 euros remboursés pour une monture) et 5 centimes pour la monture et les verres du panier B (15 centimes pour un équipement complet).

Le reste à charge reste donc très élevé pour les bénéficiaires de l'AME.

Jean-Paul Roosen, président de l'association Vision Solidarité, estime ainsi que « pour l’opticien, la suppression de l'AME aura probablement assez peu de conséquences, vu le faible taux de remboursement et le taux élevé de renoncement à l’équipement ».

 

Un dispositif pourtant indispensable

En revanche, la suppression de l’AME aurait des conséquences importantes sur la santé en général.
L’AME permet l’accès gratuit aux soins de santé de personnes, souvent en situation précaire qui n’ont pas d’autres solutions pour accéder aux soins.
Le projet de suppression de l'AME a donc suscité de vives réactions dans les milieux de la santé. De nombreux sénateurs et de nombreux médecins ont souligné les risques sanitaires et économiques de ce projet, Ils ont fait valoir que les pathologies prises en charge tardivement sont plus coûteuses pour le système de santé.
Ils ont également souligné le risque sanitaire que représente le fait de ne pas soigner les étrangers en situation irrégulière, notamment en termes de propagation de maladies.