Dès le 1er mars 2015, vous serez obligés d’informer vos porteurs par écrit sur la durée de disponibilité des pièces détachées des produits qu’ils achèteront dans votre magasin. Cette information devra vous êtes transmise par les fabricants « sur tout document commercial ou sur tout support durable accompagnant la vente ». Une mesure difficilement tenable voire inapplicable, pour les industriels que nous avons interrogés.
Une faible visibilité sur la disponibilité des pièces détachées
Après la théorie mise au point par nos politiques, cette disposition votée dans le cadre de la loi consommation semble bien plus compliquée à mettre en pratique. Déjà en Commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, certains députés, dont Daniel Fasquelle (UMP), soulignaient les « difficultés techniques » que la mesure ne manquera pas de soulever. « Cela va introduire des complications, notamment pour les petits commerçants et les commerces de détail ! », répondait-il à Benoît Hamon.
Pour notre secteur, les fabricants, qui n’ont pas été informés ni consultés par le législateur, n’ont pas réellement encore pris la mesure de l’impact qu’elle pourrait avoir. « Il est difficile aujourd’hui d’estimer à court ou long terme, la disponibilité d’un produit, nous a confié Gilles Demetz, vice-président du Sidol (Syndicat des importateurs et distributeurs d’optique lunetterie). Les lunettes étant devenues de véritables accessoires de mode, les collections sont de plus en plus courtes et tournantes. Et souvent, les produits achetés par nos clients opticiens ne sont pas vendus dans l’immédiat en magasin. Le législateur a pris des dispositions qui ne sont pas réalisables. En tout cas, la majorité des adhérents au Sidol ne pourront pas donner de façon précise ces informations », nous a-t-il affirmé.
Des coûts supplémentaires engendrés
Cette mesure pourrait également entraîner des coûts supplémentaires pour les industriels comme pour les magasins. Si les fabricants comprennent bien « l’intérêt du Gouvernement en faveur du consommateur, obligatoirement, on sera obligé de prendre des pièces détachées en supplément donc il y aura des dépenses indéniables. A condition toutefois, qu’on arrive à le faire et à le tenir, estime Gilles Demetz. Cette disposition va ainsi à l’encontre de la recherche et du développement des produits, de l’innovation et de la technologie nouvelle ».
Pour Céline Wurtz, secrétaire général du Gifo (Groupement des industries françaises de l’optique), « on fait baisser les prix d’un côté mais on les multiplie par 10 fois de l’autre. Le Gouvernement ne se rend pas compte de l’implication de cette mesure. Il est probable que le législateur n’ait pas considéré le fait que les lunettes allaient être concernées ».