L’ostéo-odonto-kératoprothèse, c’est le nom d’une intervention chirurgicale rare et complexe qui consiste à reconstruire la cornée à partir d’une dent. En 2014, trois patients souffrant de cécité cornéenne bilatérale ont été opérés par le CHU de Marseille. Deux autres interventions sont programmées dans les prochains mois.
L’opération de la dernière chance
Après l’Italie, l’Allemagne, la Suisse et l’Angleterre, deux équipes hospitalo-universitaires du CHU de Marseille ont réussi un véritable exploit et sont entrées dans le club très fermé des centres pratiquant l’ostéo-odonto-kératoprothèse. Le service d’ophtalmologie de la Timone, dirigé par le Pr. Louis Hoffart, et le service maxillo-facial de l’hôpital Nord, dirigé par le Pr. Laurent Guyot, ont uni leur talent pour opérer trois patients atteints de cécité cornéenne bilatérale. Si cette technique de pointe de reconstruction de la cornée existe depuis les années 1970, les progrès de la microchirurgie en ophtalmologie ont nettement amélioré les résultats de ce type d’intervention.
Considérée comme l’opération de la dernière chance pour rendre la vue lorsque la transplantation de greffons humains a échoué, une ostéo-odonto-kératoprothèse est une prothèse mixte os-dent-plexiglas. Avec cette technique, le tissu dentaire du patient soutient une prothèse artificielle oculaire, à savoir un cylindre en plexiglas faisant office de lentille à focale fixe. Cette prothèse permet à la lumière d’atteindre la rétine et de rendre la vue.
Une chirurgie complexe en deux temps
Il s’agit d’abord de prélever la dent retenue, généralement une canine, avec une bande osseuse maxillaire et de préparer cette dent pour obtenir un côté plat. Le plexiglas utilisé comme lentille est inséré dans la dent et la prothèse mixte obtenue est alors implantée dans la joue pour favoriser la vascularisation et la fibrose. Trois mois plus tard, la prothèse est extraite de son emplacement provisoire et l’œil est préparé pour la recevoir.
L’opération, pratiquée sur trois patients, a permis à deux d’entre eux de passer de la seule perception de la lumière à une acuité visuelle de 1/10ème. Une vraie amélioration de la qualité de vie pour des personnes presque aveugles avant l’intervention. Dans certains cas, une acuité visuelle de 7/10ème pourrait même être atteinte.
Les innovations thérapeutiques constantes et l’implication des équipes médicales devraient permettre de multiplier ce type de réussite dans les prochaines années.