En France, près de 500 000 personnes souffrent de surdité sévère ou profonde*. Pour répondre à ce problème, l’implant cochléaire est un dispositif chirurgical qui contient un récepteur implanté sous la peau pour capter les sons. Il est relié à un microphone et à un processeur qui convertit le son en impulsions électriques. L’appareillage se place autour de l’oreille.
Cet implant participe à l’autonomisation des personnes atteintes de cécité mais ne permet pas de recouvrer une audition normale. À titre d’exemple, il reste difficile pour les porteurs de suivre une conversation dans le brouhaha d’un restaurant.
Pourquoi ? Les implants cochléaires sont aujourd’hui conçus avec 22 canaux maximum. Un nombre limité, dû au courant provenant des électrodes qui a tendance à se disperser et à provoquer une « interférence » avec toute électrode voisine placée trop près.
Remplacer l'électricité par la lumière
Face à cette limite, un groupe de chercheurs allemands a mené des études sur une technologie nommée optogénétique, qui remplace l’électricité par la lumière. Elle implique l’introduction dans les neurones de gènes dotés de protéines photosensibles, les channelrhodopsins ou « opsines ».
Au lieu d’implanter des électrodes, les scientifiques ont injecté dans la cochlée (oreille interne, ndlr) de gerbilles, un virus transportant le gène de l’opsine dans les neurones auditifs. Ils ont ensuite utilisé une fibre optique pour transmettre la lumière jusque dans leur cochlée. Cette stimulation lumineuse a généré des comportements indiquant une restauration partielle des fonctions auditives des cobayes.
Les résultats de cette étude suggèrent que l’optogénétique pourrait être utilisée afin de développer des implants cochléaires pour une meilleure capacité auditive.
Pour l’instant, les chercheurs n’ont utilisé qu’un seul canal optique. Il n’est donc pas possible de mesurer la résolution en fréquences. Prochaine étape : le développement de dispositifs multicanaux, certainement à partir de réseaux de micro-LED.
Des essais sont prévus prochainement sur des primates. « Nous saurons probablement dans 2 ans environ si nous nous sentons suffisamment à l’aise pour transcrire tout cela sous la forme d’un appareil médical », fait savoir Tobias Moser, qui dirige les recherches. Ce dernier envisage d’ores et déjà la création d’une entreprise pour commercialiser cette technologie.
*Chiffres du plan gouvernemental en faveur des personnes sourdes et malentendantes du Secrétariat d’Etat chargé de la famille et de la solidarité publique.