S’il existe une profession aux multiples facettes, c’est bien celle d’opticien. De vendeur ambulant à professionnel de santé, c’est votre Histoire !
L'homme aux bésicles, huile sur toile © Musée de la lunette - Coll. Essilor-Pierre Marly Photo : Pierre Guenat |
La fabrication des lunettes est introduite en France aux environs de 1450. A la fin du 16e siècle, miroitiers, lunetiers et bimbelotiers sont regroupés au sein de la même corporation. Les lunetiers sont alors les seuls autorisés à tailler et monter des bésicles en cristal de roche et à les vendre. En outre, leur savoir-faire concerne davantage le travail du verre que celui des montures, réservé à d’autres corps de métier comme les corroyeurs par exemple.
Statuette de marchand ambulant, porcelaine de Saxe, XVIIIe siècle © Musée de la lunette - Coll. Essilor-Pierre Marly Photo : Pierre Guenat |
En 1720, les marchands de bésicles peuvent se parer, pour la première fois, du titre d'opticien. Il désigne les spécialistes de la fabrication des lunettes, des instruments d’optique et de précision, ainsi que de nombreux dérivés : longues-vues, télescopes, microscopes … Jusqu’au début du 20e siècle, ils exercent alors plusieurs métiers à la fois (commerçant paramédical, artisan-fabricant).
A cette époque, on achète et on vend encore les lunettes debout, après les avoir rapidement essayées. Il faut attendre les années 1930-1940 pour prendre un siège chez l’opticien. Ils sont toutefois considérés comme des commerçants comme les autres et ne sont pas encore de véritables spécialistes, car le brevet d’opticien-lunetier (BTS) n’est créé qu’en 1954.
Du côté des magasins, le précurseur du développement est le morézien Georges Lissac (1897-1969). Pour lui, l’opticien est un professionnel qui « vend de la vue ». Il développe alors un concept novateur avec ses deux frères. En 1938, ils ouvrent un premier grand magasin d’optique-lunetterie, celui de la rue de Rivoli dans le Ier arrondissement de Paris. Ce bâtiment regroupe sur 6 étages, la vente et l’atelier. Mais la plus grande innovation tient dans l’examen gratuit de la vue qu’il propose aux clients, ce à l’aide des technologies les plus avancées de l’époque.
Ce type de réfracteur a été rapporté des États-Unis en France par Georges Lissac à la fin des années 30. Tête de "REFRACTOR", Bausch&Lomb (États-Unis) © Musée de la lunette - Coll. Jean-Pierre Bonnac Photo : Pierre Guenat |
Ainsi notre secteur s’est fortement développé depuis la seconde moitié du XXe siècle avec chaque année une forte croissance du nombre de points de vente, dû au développement des enseignes, et pléthore d’offres commerciales visant à les différencier. Une situation qui a valu à la profession son étiquette de « vendeur de lunettes », maintes et maintes fois pointée du doigt par les médias. Mais aujourd’hui, l’opticien-lunetier est avant tout considéré comme un professionnel de santé. Retour aux valeurs qui ont fait le métier, les différentes mesures législatives adoptées récemment confèrent à la profession davantage de responsabilités et de prérogatives pour répondre à la demande croissante des Français pour leur santé visuelle. Dans les textes, l'opticien retrouve ainsi sa place de paramédical à part entière.
Et puis le libre choix des montures exposées dans le magasin n'a vu le jour qu'en 1969 à l'initiative de la Guilde des Lunetiers. Lors de la première campagne de publicité ( en noir et blanc) pour des lunettes à la télévision en 1971, la Guilde sous la marque KRYS vante les magasins présentant les montures en libre choix. Les montures étaient précédemment sorties des tiroirs. Cette campagne avait fait scandale dans la profession. Et pourtant le libre choix s'est imposé ensuite à tous les points de vente !