Une nouvelle étude pointe du doigt des délais d’attente « trop longs » pour un rendez-vous en cabinet d’ophtalmologie. Ils seraient de 112 jours en moyenne en France, selon l’enquête réalisée par le comparateur Mutuelle.com*, alors que le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) annonçait récemment qu’ils « s'améliorent pour les visites de vérification de la vision des patients inconnus d'un cabinet ». Pour l’organisation professionnelle, ils passent à 38 jours en 2015 contre 45 jours en 2012* (-16% en 3 ans).
Les chiffres dévoilés par Mutuelle.com sont bien plus élevés avec des écarts très importants selon les départements. On constate en effet que les arrondissements parisiens sont parmi les mieux lotis avec des délais allant de 2 semaines à 1 mois d’attente. Mais ce sont la Corse du Sud (12 jours), les Alpes-Maritimes (17 jours) et les Hautes Pyrénées (19 jours) qui battent tous les records. A l’inverse, la Saône-et-Loire (263 jours), la Haute-Loire (266 jours), le Puy-de-Dôme (277 jours) et le département de la Loire (327 jours) affichent des délais très importants.
Le vieillissement de la population inquiète
Rappelons que le vieillissement de la population va devenir un des principaux défis pour les systèmes de santé de demain. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a sonné l'alarme, il y a quelques jours, en soulignant que le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans en 2020 dépassera le nombre d'enfants de moins de cinq ans. D'ici à 2050, la planète comptera plus de 2 milliards de seniors, soit une personne sur 5, contre 841 millions aujourd'hui. Ainsi, le nombre de personnes atteintes de troubles de la vision va considérablement augmenter. Selon un dossier publié dans Science et Vie au début de l'année, les personnes touchées par la DMLA vont doubler (3 millions d'ici 2020), plus de 5 millions d'individus seront sujets à la cataracte et environ 2 millions au glaucome. Les troubles de la réfraction, tels que la myopie, vont eux augmenter de 14%.
Délégations aux orthoptistes et aux opticiens
En réponse à ces inquiétudes et sur les propositions de l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas), le Gouvernement a souhaité introduire au projet de loi Santé deux nouveaux articles afin d’entamer la réforme de la filière de santé visuelle.
Le 32 quater A concerne les orthoptistes et entend « moderniser la définition de la profession et son champ d’intervention, afin de renforcer l’accès des Français aux soins visuels ». Il prévoit notamment que ces professionnels puissent :
- « Prescrire ou, sauf indication contraire du médecin, renouveler les prescriptions médicales des dispositifs médicaux d’orthoptie, hors verres correcteurs d’amétropie et lentilles de contact oculaire correctrices... »
- « Réaliser les séances d’apprentissage à la manipulation et à la pose des lentilles ».
L’article 32 quater B impacte quant à lui les opticiens-lunetiers afin de renforcer la complémentarité avec les ophtalmologistes pour l’accès des Français aux soins visuels. Il prévoit de :
- Moduler la période pendant laquelle l’opticien peut renouveler et adapter la prescription du porteur « en fonction de l’âge et de l’état de santé du patient ».
- Etendre le principe de renouvellement et d’adaptation d’une correction optique aux lentilles de contact.
- Reconnaître « la compétence en matière d’apprentissage auprès du patient de la pose et l’entretien de lentilles ».
- Déterminer par décret « les conditions dans lesquelles l’opticien-lunetier peut procéder à la délivrance d’un équipement de remplacement en cas de perte ou de bris des verres correcteurs et les modalités selon lesquelles il en informe le médecin prescripteur ».
Introduits lors de l’examen au Sénat, ces deux articles doivent faire l’objet d’un vote par les députés qui pourront les amender. La majorité de l’Assemblée nationale soutenant les initiatives du Gouvernement, il est toutefois fort probable que leur rédaction n’évolue pas ou très peu.
*Le délai représente la différence en jour entre la date de prise du rendez-vous et la date du rendez-vous. Etude réalisée sur un panel de 1 014 ophtalmologistes en France métropolitaine entre août et octobre 2015.