Coup de tonnerre dans le monde de l'optique ce 16 janvier : Essilor et Delfin (holding liée à Leonardo Del Vecchio) annoncent la signature d'un accord en vue de créer, par le rapprochement d’Essilor et de Luxottica, "un acteur intégré au service de la santé visuelle et en mesure d’offrir une expérience consommateur exceptionnelle". Ensemble, les deux géants de l'optique seront dans une position plus forte pour apporter une réponse aux besoins visuels de 7,2 milliards de personnes, dont plus de 2,5 milliards ne bénéficient toujours pas d’une correction visuelle.
Le contrat a été signé le dimanche 15 janvier à Paris. Une nouvelle à laquelle on pouvait s'attendre après un rapprochement avorté en 2014 et l'arrivée en novembre 2016 d'Hilary Halper chez Essilor, comme responsable des fusions et acquisitions.
"Donner naissance à un acteur clé"
Cette nouvelle entité serait à même de mieux saisir les opportunités de croissance liées à la forte demande du marché de l’optique, soutenue par le besoin croissant de lunettes correctrices et protectrices et par le désir des consommateurs de porter des marques reconnues. Par sa présence sur l’ensemble des métiers de l’optique, cet acteur clé bénéficierait de capacités de production et de réseaux de distribution de premier plan pour servir les consommateurs et créer de la valeur pour toutes les parties prenantes.
Ensemble, Luxottica et Essilor représenteraient ainsi un nombre d’employés supérieur à 140 000 et des ventes dans plus de 150 pays. Sur la base des comptes 2015 des deux sociétés, le chiffre d’affaires net de cette nouvelle entité serait supérieur à 15 milliards d’euros et son EBITDA net se situerait autour de 3,5 milliards d’euros.
Sur la base d’estimations préliminaires, le nouvel ensemble devrait générer progressivement des synergies de chiffre d’affaires et de coûts, qui atteindraient un montant compris entre 400 et 600 millions d’euros à moyen terme (200-300 millions de revenus nets, 150-200 millions d’optimisation de la chaîne d'approvisionnement et 70-100 millions de frais d’achats, administratifs et généraux) et qui s’accéléreraient sur le long terme.
En outre, il disposerait d’un bilan robuste, d’une forte capacité de génération de trésorerie et de la flexibilité financière propre à financer sa croissance future tant externe qu’interne.
Hubert Sagnières, PDG d’Essilor : « Notre projet a une motivation simple : mieux répondre aux besoins immenses de la population mondiale en correction et en protection de la vue en rapprochant deux très belles sociétés dédiées principalement l’une aux verres, l’autre aux montures. Avec une extraordinaire réussite, Luxottica a su construire des marques prestigieuses, appuyées sur un outil industriel de premier plan et des réseaux efficaces de distribution. Essilor apporte 168 ans d’innovation et d’excellence industrielle dans la conception, la fabrication et la distribution de verres ophtalmiques et solaires. Réunies aujourd’hui, ces deux sociétés internationales accélèrent deux grandes histoires de croissance, pour le bénéfice de leurs clients, de leurs actionnaires et de leurs employés, mais aussi de l’ensemble de l’industrie. » |
Conditions de l’opération
Juridiquement, l'opération consiste en une prise de contrôle de Luxottica par Essilor, par un rapprochement stratégique des activités. Dans un premier temps, Leonardo Del Vecchio va apporter à Essilor les 62% qu’il détient dans son groupe, en échange d’actions de l’entreprise française. Essilor lancera ensuite une offre publique d’échange pour permettre aux actionnaires minoritaires de Luxottica de participer à la nouvelle aventure aux mêmes conditions financières, c’est-à-dire sans prime ni décote. Ils pourront échanger 1 000 titres Luxottica contre 461 actions Essilor.
A l’issue de l’opération, Delfin détiendrait entre 31% et 38% des actions émises par EssilorLuxottica et serait son principal actionnaire. Les droits de vote de tout actionnaire d’EssilorLuxottica seraient plafonnés à 31% et les droits de vote double attachés aux actions seraient supprimés.
L’opération est soumise à la procédure d’information-consultation des instances représentatives du personnel d’Essilor conformément à la loi française. Le Conseil d’administration d’Essilor, réuni le 15 janvier 2017, a déjà approuvé à l’unanimité cet accord avec Delfin qu’il considère comme étant en adéquation avec les intérêts des actionnaires, des salariés et des autres personnes intéressées. Le Conseil d’administration de Luxottica, réuni le même jour, a confirmé à l’unanimité que cette opération s’inscrit dans l’intérêt du groupe et a reconnu la logique stratégique du rapprochement de ces deux entreprises.
Leadership, gouvernance et structure de la nouvelle entité
Leonardo Del Vecchio, président exécutif de Luxottica, deviendrait PDG d’EssilorLuxottica. De son côté, Hubert Sagnières, actuel PDG d’Essilor qui a reporté son départ en retrait prévu pour 2017, deviendrait vice-PDG délégué mais disposerait des mêmes pouvoirs. Les deux hommes conserveraient également leurs fonctions respectives, actuellement occupées.
Le Conseil d’administration d’EssilorLuxottica serait composé de seize membres :
- 8 membres nommés sur proposition d’Essilor, incluant Hubert Sagnières, 2 représentants des salariés, 1 représentant de Valoptec et 4 membres indépendants;
- 8 membres nommés sur proposition de Delfin, incluant Leonardo Del Vecchio, 3 représentants de Delfin et 4 membres indépendants.
Essilor International, après avoir effectué l’apport de ses activités visées ci-dessus, et Luxottica conserveraient la composition actuelle de leurs Conseils d’administration respectifs. Un comité d’intégration serait mis en place pour assurer une intégration harmonieuse et réussie des deux sociétés.
Leonardo Del Vecchio, président de Delfin et président Exécutif de Luxottica : « Avec cet accord, mon rêve de créer un acteur international de premier plan de l’optique, complètement intégré et cultivant l’excellence dans toutes ses composantes, se concrétise enfin. Nous savions déjà depuis quelques temps que ce rapprochement constituait la meilleure solution, mais c’est seulement aujourd’hui que les conditions nécessaires à la réalisation de cette alliance sont réunies. Le mariage de Luxottica et d’Essilor, deux groupes de référence sur leurs segments, pourra apporter des bénéfices considérables au marché de l’optique, à nos collaborateurs et surtout à l’ensemble de nos consommateurs. Enfin, après 50 ans, deux produits qui se complètent naturellement, les montures et les verres, seront enfin conçus, fabriqués et distribués par la même maison. » |
Prochaines étapes
- Mise en œuvre de la procédure d’information-consultation des instances représentatives du personnel.
- Décision de l’AMF (Autorité des marchés financiers) d’accorder une dérogation à l’obligation pour Delfin de déposer un projet d’offre publique visant les actions Essilor
- Approbation de l’opération par les actionnaires d’Essilor réunis en assemblée générale et par les titulaires de droits de vote double réunis en assemblée spéciale
- Autorisations par les autorités de concurrence concernées
- La réalisation de l’opération est attendue pour le deuxième semestre 2017, sous réserve de la satisfaction des conditions suspensives, et serait suivie de l’offre publique d’échange obligatoire initiée par Essilor-Luxottica visant l’ensemble des actions émises par Luxottica restant en circulation.
C'est la fin de notre métier tel que nous l'avons exercé et aimé, même si quelques résistants ont encore de belles idées .
Dans quelques temps , ce nouveau groupe ultra puissant rachètera où fusionnera avec des assureurs ...
Mais c'est qui le patron? L'opticien qui est au contact de sa clientèle, qui a encore sa confiance, ou l'industriel qui ne se développe que sur des stratégies marchandes, voir mercantiles? Je ne fais (à part quelques rares RB) pas de collections Luxo, ni Safilo, je ne travaille que très ponctuellement avec Essilor, je n'ai presque jamais de clients qui exigent ces fournisseurs, j'engage MA responsabilité auprès des clients, je n'ai jamais cherché l’abri d'un parapluie, le jours ou il est percé on se prend la flotte sur la gueule.
La recherche des fabricants depuis des années est de surfer sur le contact direct avec le client final, les intermédiaires sont des gênes pour eux car ils interfèrent dans la politique de distribution en pensant avoir un rôle de conseil parfois différent de ce qui est souhaité.
L'exemple des photochromiques est exemplaire et les tentatives de prévendre les produits sont patentes.
Alors la disparition de ces intermédiaires est pour eux souhaitable à l'échelle mondiale. Quoi de plus pratique que le fonctionnement des réseaux ou internet, un peu moins est la mise en place d'accords "gagnant gagnant" avec les enseignes.
Il est plus facile de gérer une politique de produits avec peu d'interlocuteurs qu'avec des milliers. Ce qui à été notre force il y à 50 ans (la mise en place des groupements d'opticiens pour prendre du poids face aux fournisseurs) devient notre talon d'Achile à partir du moment où les opticiens de base perdent ou délèguent abusivement leurs choix dans les politiques de leurs entreprises à des structures purement financières.
Mais la démarche de prise d'enseigne, qui était souvent une démarche active (volonté de participer à la décision commune) il y à 50 ans, s'est peu à peu transformée en une démarche de délégation ( se détacher le plus possible de tâches considérées comme pesantes ou trop difficiles) que la venue des franchises à fortement développée. Au départ un groupement coopératif (ou similaire) c'est: payer pour avoir droit de parole et de décision, une franchise c'est payer pour avoir droit d’obéir en fermant sa gueule. Actuellement les enseignes coopératives semblent avoir un fonctionnement de plus en plus proche des franchises. C'est ce qui donne de la force à certains fournisseurs si le mouvement ne s'inverse pas.
C'est donc à nous, opticiens de tirer les leçons de ce que ce regroupement annonce, il existe encore des fournisseurs indépendant de cette structure, les soutenir, cesser de se faciliter la vie en ne stockant que du pré-vendu peut, peut être, encore avoir un impact. Mais la prise de pouvoir clairement affichée de Luxottica au sein de cette future entité me fait frissonner. J'ai aussi une larme pour la société pionnière dans l'actionnariat de ses employés qui à ce jour semble n'être plus qu'un vague souvenir.
Très bonne analyse ... c'est parfaitement cela, en terme simple j'ai la même politique commerciale que vous depuis 35 ans et malgré ... bien sûr des hauts et des bas.. je m'en sort discrètement bien.
Il est évident que malheureusement nous allons dans le sens de cette mega fusion ( mais vous avez raison c'est assurément Essilor qui a besoin de sous) ... et la prochaine étape n'est autre que le rachat (ou l'assujettissement commercial) de chaînes d'ici ou d'ailleurs !
.. et je vous parle d'un opticien établi ... en Suisse !
Meilleurs messages
Alex
Luxottica détenant des parts de GrandVision, via la holding HAL, fusionne avec essel. No problemo pour l'avenir de la profession.
Il y a aussi les réseaux de soins , bref 2017 sera l'année de la mise en place, le marché Français se tend tout de même un peu.
Je vais donc privilégier les fournisseurs qui en ont quelque chose à foutre de ma gueule. et pas une de ces filiales
et le rachat de quelques chaines d optique ? c est pour quand ?