Lancé mi-janvier, le chantier du reste à charge zéro est un véritable casse-tête en optique mais aussi en audio. Les négociations sont en cours et l’objectif pour la Direction de la Sécurité sociale (DSS) est d’aboutir à un accord en juin.
A mi-parcours de la concertation, une table ronde a été organisée le week-end dernier, lors du Congrès des Audioprothésistes à Paris, sur les solutions et les outils à mettre en œuvre pour concrétiser la promesse d’Emmanuel Macron. A cet effet, les représentants des mutuelles (FNMF), des assureurs (FFA) et institutions de prévoyance (CTIP), des ORL et des audioprothésistes ont échangé sur les négociations en cours.
« Les décisions ne doivent pas être prises sans études. Les enjeux sont nombreux comme la réorganisation de la filière, la prévention... dont nous n’avons pas du tout parlé. Il faut travailler tous ensemble autant sur une offre de produit que de remboursement », a martelé Luis Godinho, président du Syndicat National des Audioprothésistes (Unsaf).
Luis Godinho, président de l'Unsaf
Des inquiétudes nuancées par Albert Lautman, directeur de la Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF) : « Nous avons préconisé d’agir sur les remboursements et les tarifs. Le reste à charge zéro est un sujet important dans une logique d’accès de la population à un panier de soins avec des prix limités de vente. Toutefois, il n’est pas question de sur-réglementer la profession et on rejoint l’Unsaf pour accorder plus de moyens ». Albert Lautman a précisé que des ressources supplémentaires ne seraient en revanche pas attribuées en optique.
L’équation n’est décidément pas simple à résoudre pour favoriser l’accès aux soins tout en garantissant un équipement de qualité. « Nous sommes des assurances complémentaires sous contrôle. Et on nous demande d’accorder des remboursements supplémentaires sans augmenter les cotisations. Ce n’est pas possible. Les réseaux ont réussi en optique à réduire les dépenses. Les contrats collectifs doivent être équilibrés », commente Jean-Paul Lacam, délégué général du centre technique des institutions de prévoyance (CTIP).
« Nous ne sommes pas là pour être antagoniste »
Principal point de divergence entre les complémentaires santé et l’Unsaf : le découplage entre produit et suivi des prestations postérieures. Les Ocam sont favorables à cette dissociation et reprennent les recommandations formulées par l’Autorité de la concurrence en 2016. « Nous allons militer pour le découplage. La raison ? Plus de transparence sur les tarifs et les engagements. Il faut limiter les surcoûts. La prévention pourrait être menée de façon commune, nous ne sommes pas là pour être antagoniste », explique Arnaud Chneiweiss, délégué général de la Fédération Française de l’Assurance (FFA).
Autre sujet de débat lors de cette table ronde : le numerus clausus. Les Ocam souhaitent une révision. « Nous avons un ratio d’opticiens atypiques par rapport à d’autres pays. En revanche, le nombre d’audioprothésistes est insuffisant même s’il n’est pas question d’en former des milliers. L’accès aux soins est important », précise Albert Lautman.
Pour arriver au reste à charge zéro, les protagonistes ont également souligné l’importance d’une prise en charge plus importante de l’Assurance maladie obligatoire. Mathilde Lignot-Leloup, directrice de la Sécurité sociale, l’a confirmé ce week-end au Congrès des Audioprothésistes à Paris.
« Les négociations vont se dérouler très rapidement avec une mise en œuvre en 2019. Il n’en reste pas moins que nous travaillons tous en collaboration pour parvenir au reste à charge zéro », ajoute Jean-Paul Lacam.