Condamnés à une amende de 182,5 millions d'euros par l'autorité italienne de la concurrence, Roche et Novartis se voient réclamer la modique somme de 1,2 milliard d'euros par le ministère de la Santé italien. Ce dernier invoque un dédommagement pour entente entre 2012 et 2014. Rappelons que les deux laboratoires suisses ont fait l'objet d'une enquête préliminaire, menée par le parquet de Rome, pour « association à visée criminelle, corruption, escroquerie, dommages à l'État, agiotage ».
Ils sont en effet accusés d'avoir conclu un accord illicite pour limiter la distribution d'un traitement contre la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), également utilisé pour soigner certains cancers (lire notre news : Novartis et Roche condamnés à 182,5 millions d'euros d'amende pour entente sur la vente de médicaments contre la DMLA). Ce médicament, l'Avastin, est commercialisé par Roche et coûte près de trente fois moins cher que celui de son concurrent, le Lucentis vendu par Novartis. Les deux traitements sont issus de la même structure chimique, développée par le laboratoire Genentech avant d'être cédée à Roche et Novartis.
En France, la prescription d'Avastin dans le cadre de la DMLA est interdite depuis 2012 car le médicament ne bénéficie pas d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette indication. Devant l'absurdité économique de la situation [la Sécurité sociale ayant remboursé 428,6 millions d'euros pour le Lucentis en 2013, ndlr], Marisol Touraine avait annoncé l'adoption prochaine d'un décret autorisant une recommandation temporaire d'utilisation (RTU). Récemment présenté en Conseil d'Etat, le texte aurait essuyé un refus (lire notre news : Avastin et DMLA : le décret d'autorisation rejeté par le Conseil d'Etat ?).
Selon, le Pr. Jean-François Korobelnik, du CHU de Bordeaux, « en application de la loi de mise sur le marché du médicament en France et en Europe, ce type de RTU n'est en effet pas autorisé ». Il précise également à nos confrères de Medscape.fr « qu'il ne faut pas oublier que le Lucentis n'est qu'en partie à l'origine de dépenses dans le traitement de la DMLA exsudative. Le reste des dépenses est lié aux consultations, à l'imagerie de la rétine (tomographie de l'oeil par scanographie à cohérence optique OCT), au transport des patients et à la procédure d'injection intra-vitréenne qui est un acte coté dans la CCAM ».