Dans l’espace, les perceptions sensorielles sont mises à rude épreuve : perte de l’acuité visuelle, nausées, vertiges... les spationautes sont victimes de nombreux maux liés à leurs sens. Interrogé par l’Observatoire de la santé visuelle et auditive, mettant en place des actions de prévention ciblées, Thomas Pesquet revient sur l’environnement visuel dans lequel il évolue depuis 6 mois.
Après une longue période en apesanteur, des troubles tels que des œdèmes et des inflammations au niveau de l’œil et du nerf optique peuvent se manifester. Des anomalies qui s’expliquent par les différences de pression, du sang et du liquide céphalo-rachidien, affectant particulièrement la vision de près. Habituellement attirés vers le bas, ces liquides, sous l’absence de gravité, restent en apesanteur dans la partie haute du corps, entraînant une augmentation du flux sanguin au niveau cérébral et donc une baisse d’acuité visuelle.
« En ce qui me concerne, l’apesanteur ne semble pas m’affecter de manière importante. Pour ce qui est de l'alternance entre vision de près et vision de loin, nous sommes certes dans un environnement confiné, où la vision de près est très sollicitée mais nous avons la chance d'avoir une ouverture vers l'espace, de pouvoir regarder à travers le hublot et voir au loin, très loin », déclare Thomas Pesquet.
Thomas Pesquet dans le sas de la Station spatiale internationale juste avant sa sortie extravéhiculaire de janvier 2017 ©ESA/NASA, 2017
De fait, le spationaute est régulièrement soumis à des bilans de santé, échangeant toutes les semaines lors de visioconférences médicales privées avec le Dr. Brigitte Godard, son médecin personnel.
Quoi qu'il en soit, ce voyage ne sera pas sans conséquence sur sa vision du monde : « Le fait d'être là-haut, de voir la Terre si seule dans l'espace, permet à la fois de prendre conscience de sa beauté, de son unicité, mais aussi de sa fragilité. Mon regard sur la vie a changé et j'ai envie de partager ce regard à mon retour », conclut-il. Son retour sur Terre est prévu pour demain, vendredi 2 juin.