Après avoir donné la parole aux dirigeants des grandes enseignes, Acuité vous propose un tour d’horizon des centrales d'achats. Arnaud Bazin, directeur général adjoint de Luz optique, fait le point sur le redémarrage de l’activité optique et annonce de nouveaux projets au sein de la centrale d’achats et de services pour opticiens indépendants regroupant 1 830 points de vente. Interview.
Acuité : Quels résultats avez-vous enregistré depuis la reprise de l’activité ?
Arnaud Bazin : Depuis la reprise, les résultats sont globalement satisfaisants, mais nous constatons une certaine disparité. La fréquentation des magasins de centre-ville est bonne. En revanche, ceux implantés dans les centres commerciaux enregistrent une reprise laborieuse.
Autre enseignement à retenir : le flux de clients par rapport à la même période l’an dernier est généralement en baisse. La prise de rendez-vous et l’impact des protocoles sanitaires entraînent un allongement du délai de prise en charge du porteur. Pour autant, le taux de transformation des ventes est proche de 100%.
Point positif également, les achats d’équipement du panier 100% Santé restent contenus.
A. : Expliquez-nous les mesures prises durant le confinement ?
A. B : Cette période s’est révélée extrêmement intense. Notre premier objectif : tenir informé en permanence nos adhérents de l’évolution de la situation, leur assurer un accompagnement individualisé et personnalisé et les conseiller au mieux au regard du contexte.
Ainsi, les mesures prises ont notamment porté sur :
- les modalités et les règles à respecter dans le cadre du service minimum pour la gestion des urgences lors du confinement ;
- les différentes aides gouvernementales mises en place et les démarches à effectuer pour en bénéficier (PGE, prêt rebond, chômage partiel, report de loyer, report des impôts…) ;
- les obligations du chef d’entreprise en matière de sécurité sanitaire à l’égard de ses salariés.
Nous avons également référencé un nouveau prestataire Minut’Pass spécialisé dans la prise de rendez-vous en ligne et enrichi notre nouveau service « Self’Com : ma com’ à prix malin ! » avec des thématiques adaptées à la crise sanitaire, notamment le « plaisir d’acheter local ».
A. : L’ensemble de vos adhérents surmonteront-ils la crise sanitaire ?
A. B : La grande majorité de nos adhérents passera le cap car leur structure financière est saine. Néanmoins, certains d’entre eux risquent de rencontrer de sérieuses difficultés dans les semaines et mois à venir. En cause : leur situation économique déjà fragile avant la Covid-19. Nous avons des adhérents, qui n’ont pu obtenir les aides mises en place par le gouvernement telles que le prêt garanti par l’Etat (PGE). Par conséquent, leur risque de défaillance est très probable.
A. : Comment voyez-vous l’évolution du marché de l’optique dans les mois à venir ?
A. B : Se projeter sur l’évolution du marché est un exercice délicat. Toutefois, le bon redémarrage de l’activité optique nous rend optimiste. Tout en restant prudent. L’impact économique du Covid-19 est et sera sans précédent. De l’aveu même des économistes, nous allons connaître une période de récession forte avec une hausse massive du chômage. La répercussion sera alors immédiate sur le pouvoir d’achat des Français. On peut donc s’attendre à une baisse du panier moyen.
En revanche, cette reprise d’activité nettement plus rapide que les autres commerces traditionnels démontre bien que les achats d’équipements optique sont avant tout des achats de nécessité répondant à un besoin de correction visuel. De plus, le bon accueil des clients quant à la proposition de prise de RDV pour effectuer leur achat ou la livraison confirme que l’image du métier d’opticien est en train de changer.
Il est essentiel d’accentuer le rôle de professionnel de santé de l’opticien. Celui-ci doit par ailleurs affirmer sa place dans son tissu local. C’est à ce prix et en faisant respecter les lois que nous pourrons nous émanciper des Ocam et du tiers payant.
Par ailleurs, la France sera aussi fortement impactée cette année par un recul significatif de la clientèle étrangère liée au tourisme d’affaires et au tourisme de loisirs. Or, bon nombre d’opticiens sont implantés sur des zones où la fréquentation est habituellement élevée. Ces porteurs ont traditionnellement une appétence marquée pour le solaire.
A. : On peut craindre également une pénurie d’ordonnances dans les mois à venir...
A. B : Tout à fait. La fermeture des cabinets d’ophtalmologie pendant deux mois engendrera indéniablement une pénurie d’ordonnances. La bonne nouvelle : ils ne désemplissent pas depuis le déconfinement.
Malgré ces incertitudes, nous restons optimistes. D’après les verriers, la France est le pays d’Europe où l’activité optique post-confinement est la plus soutenue. Pour autant, l’opticien doit bien gérer ses achats et piloter son activité avec efficacité.
A. : Quels sont vos projets à moyen terme ?
A. B : Fort du succès du concept « Optikid », qui a été déployé dans 150 magasins, nous allons proposer à nos adhérents d’ici la fin de l’année 2020, 2 autres spécialisations : le sport et la basse vision. Ces dernières constituent une excellente opportunité pour nos adhérents de se différencier et d’accroître leur trafic en magasin.
Autre enjeu majeur pour Luz optique : l’omnicanalité. Nous avons racheté récemment les actifs de la société Evioo afin de proposer prochainement à nos opticiens une solution d’essayage virtuel et de recommandation de produit online et magasin. Ce projet s’inscrit dans une perspective d’omnicanalité. Notre objectif : permettre à nos adhérents de s’adapter aux nouveaux modes de consommation des porteurs.
À lire aussi :