A la demande des opticiens mobilisés contre les réseaux de soins, Frédéric Bizard participe aux différentes réunions régionales qui se tiendront jusqu’en juin prochain. L’occasion pour lui de prôner sa vision du système de santé qui repose sur le libre choix de son professionnel et de son équipement et ne laisse aucune place aux réseaux de soins. Une analyse qui, évidemment, va à l’encontre de la politique défendue par la ministre de la Santé et les plates-formes des OCAM. Doit-on y voir la raison des attaques qu’il subit depuis quelques semaines de la part de sites BtoB du secteur de l’assurance (blog de Santéclair, site de l’Argus de l’assurance, entre autres) ?
Ces derniers visent à la fois l’homme et ses idées. En contestant sa légitimité en tant qu’économiste de la santé, tout d’abord : « Avant de prétendre travailler sur le système de santé des hommes, Frédéric Bizard […] est diplômé de l’Ecole nationale vétérinaire de Maisons-Alfort. Hormis deux ouvrages, nulle trace de travaux ou de publications du prétendu économiste de la santé », peut-on lire dans l’article de l’Argus de l’assurance du 7 mars intitulé « Frédéric Bizard, le VRP des ultra libéraux de la santé ». Suit une mise en cause de son indépendance, compte tenu de ses liens avec différents syndicats de professionnels de la santé (chirurgiens, médecins libéraux, dentistes) et les mouvements locaux des opticiens hostiles aux réseaux de soins. L’article poursuit en critiquant son orientation ultra-libérale et sa défense « de la part hors Sécurité sociale et des dépassements d’honoraires ».
Interrogé par Acuité sur ces différentes attaques dont il fait l’objet, Frédéric Bizard y voit essentiellement le signe de l’impact de ses conférences en région : « Je suis attaqué personnellement parce que mes propos inquiètent mes contradicteurs » nous a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : « L’enjeu est ailleurs que dans cette polémique stérile. Je défends une vision d’ensemble du système de santé dans laquelle il faut garantir la liberté de choix pour l'assuré et l’indépendance dans leur exercice pour les professionnels de santé. Forcément, cela ne laisse aucune place possible aux réseaux de soins ». Selon lui, le changement de notre système de santé ne peut se faire sans un véritable débat démocratique, « et non en laissant des financeurs privés contrôler les remboursements ». Concernant sa « défense des dépassements d’honoraires », il tient à préciser : « Aujourd'hui, les renoncements aux soins sont dus à une mauvaise répartition du risque, les complémentaires santé capitalisant sur les non-risques. En effet, dans ce que ne rembourse pas l’Assurance maladie, les OCAM remboursent les tickets modérateurs qui représentent 15 milliards d'euros chaque année pour la médecine de ville. Et paradoxalement, ils ne veulent pas prendre en charge la totalité de la partie libre des honoraires des médecins spécialistes alors que celle-ci représente un vrai risque. »
Et de conclure : « Il faut sortir de ce système de santé étatique et corporatiste, qui repose sur des statuts professionnels et ne garantit pas les mêmes droits pour tous les Français. Si on continue à le défendre, on abandonne toute philosophie mutualiste et on se dirige vers une gestion individuelle du risque ».