La profession peut-elle enfin s’unir pour parler d’une seule et même voix ? C’est en tout cas l’objectif que se donne le Rassemblement des Opticiens de France (Rof), présenté ce mercredi 22 mars lors d’une conférence de presse à Paris. Cette association a vocation à se pérenniser pour donner naissance à une organisation unique et largement représentative de la profession au 1er janvier 2018. 

« Ce rassemblement est né de la décision d’acteurs responsables de s’unir pour défendre d’une seule et même voix le métier d’opticien quel que soit son modèle d’exercice », explique l’entité. Une initiative heureuse et attendue depuis de nombreuses années, où les membres et néanmoins concurrents se regroupent avec la même volonté de défendre la profession et d'agir pour son avenir.

Avec 5 400 membres, le Rof représente aujourd’hui la majorité des opticiens entrepreneurs français installés : indépendants (Association des Opticiens de Savoie, Syndicat des Opticiens de Corse), sous enseignes (Alain Afflelou Group, GrandVision France, Hans Anders, Optissimo, Krys Group, Optic 2000 – Lissac, Optical Center) ou encore, des professionnels utilisant internet comme canal de distribution (Association Française des Opticiens par Internet – AFOI). Votre confrère André Balbi, opticien-optométriste installé en Corse, en a la présidence.

« Parce que nous sommes tous opticiens »

Les opticiens représentés par les membres de l’association constatent aujourd’hui qu’ils font l’objet d’attaques nombreuses et répétées sans fondement réel. Ces attaques proviennent de différents acteurs (journalistes, pouvoirs publics, etc.) et méritent des explications précises et argumentées de la part des professionnels du secteur.

Dans ce contexte, le rassemblement de la profession au sein d’une structure unique semble essentiel pour la défense des intérêts du métier d’opticien. « Cette union nous permettra de gagner en visibilité et de clarifier son positionnement sur des sujets d’intérêt commun, en particulier afin de peser sur les élections présidentielles et législatives à venir », souligne l’organisation.

« Notre souhait est de regrouper toutes les représentations de notre métier. Parce que nous sommes tous opticiens, il faut maintenant s’écouter, se respecter, partager, faire des compromis, revoir parfois nos positions et faire évoluer nos certitudes. Ensemble, nous serons ainsi plus forts pour défendre notre programme auprès des décideurs », a déclaré André Balbi. L'association se dit ouverte à tous : indépendants, enseignes, centrales d'achat et syndicats. Si l’Union des Opticiens (UDO) et le Syndicat national des opticiens réunis (Snor) ont déjà rejoint le Rof, il attend le retour d'autres organisations professionnelles.

« Le Rof s’inscrit dans une volonté de construction avec la mise en place d’une réunion par mois et de commissions de travail sur différents sujets (DPC, tiers payant, reste à charge zéro...), a confié à acuite.fr Frédéric Poux, PDG du Groupe Afflelou. Il n’y a pas divergence sur le fond. C’est une bonne initiative pour que la profession puisse faire front suite aux nombreuses attaques subies ces dernières années ».

Un projet politique en 9 points

Aussi, face à la problématique des déserts médicaux et l’augmentation des délais d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste, le Rassemblement des Opticiens de France juge « urgent de mettre en place des solutions pérennes pour répondre aux préoccupations de l’ensemble de la population ». L’association  a choisi de se donner pour mission fondamentale de défendre la santé visuelle des Français. Elle porte déjà auprès des présidentiables et des candidats aux législatives, le projet politique suivant :

  • Favoriser, sous l’autorité de l’ophtalmologiste, l’accès à des soins de santé visuelle de qualité tout en garantissant la liberté de choix du professionnel et du produit.
  • Supprimer les remboursements différenciés qui empêchent l’assuré de choisir librement son professionnel de santé.
  • Autoriser le tiers payant complet à tous les assurés chez tous les opticiens.
  • Définir, en accord avec les professionnels concernés, les critères qualité des appels d’offre liés aux réseaux de soins.
  • Séparer le rôle des organismes de remboursement de santé et leurs réseaux de soin, de l’activité de centrale d’achat et de distribution de commerce de détails.
  • Renforcer, sous l’autorité de l’ophtalmologiste, la complémentarité entre les professionnels de santé visuelle.
  • Faire évoluer la formation initiale à 3 ans des opticiens vers celle d’un opticien réfractionniste.
  • Favoriser le développement du numérique et des nouvelles technologies au service de la santé visuelle.
  • S’engager au respect de l’éthique et de la déontologie.

La liste n’est pas définitive. L’association se dit prête à « agréger toutes les propositions à partir du moment où elles s’inscrivent dans la défense du métier ». La création du Rof n’est qu’une première étape dans un projet plus global de « représentation syndicale unifiée » d'ici la fin de l'année.