Le 32ème Congrès de l'AOF (Association des optométristes de France) s'est clôturé hier 28 janvier sur une participation record. A l'occasion de la dernière conférence de l'évènement, traditionnellement consacrée à l'avenir de l'optométrie en France, Philippe Verplaetse président du syndicat, a mis en avant « l'indispensable réglementation de l'optométrie en France » au regard de la demande croissante en soins visuels, en rappelant que notre pays « est le seul de l'Union européenne à ne pas reconnaître ni réglementer cette pratique ».
« Il ne faut pas attendre d'évaluer les transferts de tâches ophtalmologistes / orthoptistes »
Après l'opposition constante des gouvernements Fillon, l'AOF se réjouit des signes d'ouverture montrés par l'actuelle ministre de la Santé Marisol Touraine, qui a récemment évoqué l'éventuel transfert d'actes à des optométristes. « C'est la première fois qu'un ministre utilise ce mot, mais le poids politique de nos opposants reste fort », reconnaît Philippe Verplaetse. Il constate « l'inefficacité du rapport Berland de 2002, qui préconisait une remise à plat de la formation des orthoptistes et le développement des transferts de tâches vers ces professionnels : 10 ans plus tard, nous avons 43% d'orthoptistes en plus et notre pays affiche le plus fort nombre d'orthoptistes par habitant. Mais les besoins oculo-visuels sont toujours insatisfaits : pourquoi faudrait-il encore attendre d'évaluer les coopérations entre ophtalmologistes et orthoptistes, comme l'a annoncé Marisol Touraine, alors qu'il existe déjà en France 3 000 opticiens qualifiés en optométrie (titulaires de la licence Pro "Métier de l'optique" ou du master "Sciences de la vision", ndlr) ? », questionne le président du syndicat, qui espère, dans ce contexte, une réglementation de l'optométrie en France cette année.
Un exercice en collaboration avec les ophtalmologistes
Rappelons que l'optométriste tel que l'entend l'AOF doit posséder un diplôme de niveau I (équivalent à Bac +5, comme le master ou le Diplôme Européen d'Optométrie). Il est compétent pour :
-intégrer le dépistage des anomalies oculaires à son analyse de la fonction visuelle
-compenser les déficiences visuelles
-collaborer avec les autres professionnels de la santé en cas de pathologies révélées ou suspectées.
Outre la réglementation de cette pratique, le syndicat propose :
-de créer un organisme chargé de délivrer le droit d'exercice de l'optométrie et de fixer des obligations de formation continue
-de définir une période transitoire pendant laquelle les personnes pratiquant l'optométrie pourront bénéficier du statut d'optométriste
-de négocier avec l'Assurance maladie la prise en charge des actes optométriques
-de définir les conditions d'installation des optométristes dans les régions confrontées à une pénurie d'ophtalmologistes.