Nomination surprise, une femme médecin succède à Marisol Touraine au poste de ministre des Solidarités et de la Santé. Suite à l’annonce faite hier par le Gouvernement, vous avez été nombreux à réagir sur nos réseaux sociaux. Comment voyez-vous notre nouvelle ministre ? Quelles actions attendez-vous ? Vos attentes sont-elles en phase avec le programme soutenu par le nouveau Président de la République ? Réponses...
« Un sacré parcours »
Commentant tout d’abord la femme et son parcours, beaucoup d’entre vous semblent apprécier le fait qu’elle soit issue du milieu médical et de la société civile. « Peut-être sera-t-elle moins suffisante et moins pédante ! Pourvu qu'elle soit à l'écoute », espère Hubert Mazier. « Cela sera sûrement mieux que Touraine », imagine Marie-Françoise Quarello. « Elle a un sacré parcours et c'est une femme intègre, ça change », remarque Emmanuel Ducky notant que durant sa carrière Agnès Buzyn ne s'est jamais syndiquée, se méfiant du corporatisme, mais a toujours souhaité s'engager.
Si certains sont déjà sous le charme de notre nouvelle ministre, à l’image de Jean-Claude Hauteroche qui est « tombé amoureux », d’autres attendent de voir quelles actions seront menées. Car les promesses d’Emmanuel Macron ont été nombreuses en ce qui concerne la santé. Agnès Buzyn devra s’atteler à plusieurs questions épineuses comme celles de l’obligation de tiers payant, des réseaux de soins fermés, du remboursement à 100% de l’optique, du dentaire et de l’audio ou encore de l’accès aux soins.
« Supprimer le tiers payant » et les « réseaux de soins »
Votre confrère Cédric Mangenot attend ainsi qu'elle supprime le tiers payant, « comme ça on ne sera plus emmerdé ni par les réseaux, ni par les mutuelles ». Le sujet est ultrasensible et devra être tranché avant le 1er décembre prochain, date à laquelle la généralisation du tiers payant, sur la part du Régime Obligatoire (RO), doit s’appliquer à tous les Français. Cette réforme portée par Marisol Touraine a suscité la grogne des professionnels de santé, médecins en tête. Lors de sa campagne, Emmanuel Macron s’est prononcé en faveur d’un tiers payant généralisable, sans impératif et autrement dit facultatif. Notons aussi que la loi ne prévoit pour le moment aucune sanction pour les professionnels qui ne pratiqueraient pas le tiers payant. En d'autres termes, les opticiens qui le refusent à leurs clients ne sont pas poursuivis, ni sanctionnés.
De leur côté, Thibault Dlm et Nina Haddad souhaitent qu’Agnès Buzyn interdise les réseaux de soins. S’il est peu certain que le nouveau Gouvernement légifère en ce sens, Emmanuel Macron s’est déjà opposé aux réseaux de soins fermés et souhaite préserver le libre choix des patients.
« Lisibilité des contrats Ocam » et prise en charge à 100%
Pour Thibault Dlm, « la transparence/simplification des contrats d'assurances santé » est également un enjeu majeur. Cette promesse phare de notre nouveau président devrait se concrétiser par la mise en place de 3 contrats types de complémentaire santé pour stimuler la concurrence et accroître la transparence. Un projet, surveillé de près par la Mutualité Française et qui mérite encore de nombreuses clarifications. Autre rôle de ces contrats : obtenir un remboursement à 100% des frais d’optique, dentaire et audio d’ici la fin du quinquennat. Cet objectif, sans nul doute louable d’arriver à un reste à charge zéro pour nos concitoyens, suppose alors des transferts de dépenses mais aussi une gestion du risque mieux partagée entre le régime obligatoire et les complémentaires santé.
« La reconnaissance de l'optométrie »
Autre demande : « La reconnaissance de l'optométrie » pour Aleksander Popovitch. Sous la gouvernance de Marisol Touraine, le ministère de la Santé s’y est toujours opposé. Rappelons qu’en 2014, le projet de loi Macron pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, préconisait une reconnaissance pleine et entière de l’optométrie en France. Une mesure abandonnée face au projet de loi santé, piloté en parallèle par Marisol Touraine.
Si cette question n’a pas été abordée durant la campagne présidentielle, la problématique de la démographie médicale et de l’accès aux soins reviendra rapidement sur la table. Dans les échanges que le nouveau Président a eu avec le Syndicat national des ophtalmologistes (Snof), il s’est notamment exprimé en faveur du renfort des effectifs en revoyant à la hausse le numerus clausus et la poursuite du plan mis en œuvre par la filière de santé visuelle, avec le rôle renforcé des opticiens comme professionnel de santé depuis le décret d’octobre 2016.
« Des chemins et un style différents »
La nouvelle ministre de la Santé devra donc s’atteler rapidement à tous ces dossiers en suivant la ligne préconstruite par Emmanuel Macron. Lors de la passation de pouvoir au ministère, Agnès Buzyn a rendu hommage à l'action de Marisol Touraine, tout en évoquant « des chemins et un style différents ».
C’est en tout cas ce qu’espèrent les professionnels de santé. Ils souhaitent avant tout « de l’écoute et une équipe capable d’étudier au mieux tous les aspects de notre système de santé », comme le souligne Julien Marchesi.