Nicolas Sériès a participé en tant que membre du Gifo et président de Zeiss Vision Care France à toutes les étapes de la concertation sur la réforme du « RAC 0 ». Comment juge-t-il le protocole d’accord signé le 13 juin dernier ? Quelles sont les opportunités qui s’ouvrent pour les opticiens avec les nouvelles règles en vigueur à partir du 1 er janvier 2020 ? Interview exclusive.
Acuité : Comment analysez-vous le protocole d’accord signé par le Rof et le Synom avec le ministère de la Santé et des Solidarités le 13 juin dernier ?
Nicolas Sériès : Tous les membres du Gifo ont travaillé en étroite collaboration pour défendre auprès de la DSS (Direction de la Sécurité sociale) les intérêts des industriels du secteur. Et, concrètement, nous avons obtenu certaines modifications importantes sur les conditions du renouvellement anticipé ou dans la nomenclature, par exemple.
Néanmoins, je déplore que le protocole d’accord entérine la dissociation monture/verres (la possibilité pour le porteur de « panacher » une monture hors « RAC 0 » et des verres du panier « RAC 0 », ndlr). Cette décision constitue une erreur majeure, pour la profession, l’industrie et le marché dans son ensemble. La finalité de cette réforme devait être de faciliter l’accès financier aux soins optiques pour les consommateurs à faibles ressources. Nous adhérons à ce projet de solidarité. Mais avec la dissociation monture/verres, la solidarité nationale touche tous les porteurs, y compris ceux qui n’en ont pas besoin, et ce au détriment des verriers qui fabriquent en France. Le panier « RAC 0 » va ainsi cannibaliser l’ensemble du marché et mettre à mal les industriels français. S’il est encore difficile de mesurer l’impact, rappelons que chaque emploi compte dans notre pays. Notre marché doit faire face à un défi d’envergure avec cette réforme du « RAC 0 » que tous les professionnels doivent relever.
A.: Justement les opticiens s’interrogent sur les effets à venir de cette réforme au quotidien. Quels sont, selon vous, les outils dont ils disposent pour adapter leur stratégie à ces nouvelles règles ?
N. S : Les opticiens ont raison de se poser des questions. En magasin, la marge en valeur sur le panier « RAC 0 » sera 4 fois inférieure à celle réalisée sur le marché libre. Cela fait porter un risque réel sur la profitabilité d’un magasin. Et l’opticien ne pourra activer le levier des négociations à l’achat. Il doit donc mettre toute son énergie pour défendre et vendre des produits de qualité, dont les bénéfices sont aisément et immédiatement compréhensibles pour le consommateur. Il doit aussi mettre en avant la dimension santé visuelle de son métier et des équipements qu’il propose. C’est à cette condition qu’il pourra limiter le taux d’équipements « RAC 0 » en magasin et profiter de ces nouvelles règles pour mieux performer. C’est notre rôle de verrier de l’accompagner dans cette démarche.
Nos gammes de verres lui permettent de tenir à son client un vrai discours de santé visuelle et de se positionner comme professionnel de santé. Elles apportent une valeur ajoutée facile à démontrer et à vendre. C’est le cas, par exemple, du verre UVProtect que nous avons lancé il y a 2 mois. La plupart de nos opticiens partenaires ont bien compris l’opportunité qui leur était offerte avec un tel produit, et vendent désormais toute leur gamme de verres Zeiss en UVProtect.
Après Monsieur Séries pourra venir se plaindre.
Tous autant qu'ils sont...
à chacun son rôle :
les opthalmos prescrivent et contrôlent chaque oeil et ses annexes judicieusement et médicalement.
les opticiens vérifient les besoins du patient-client et commandent les verres auprès de fabricants sérieux et dignes de confiance,
puis exécutent leur travail de lunetiers
les CPAM prennent en charge et remboursent leur minuscule partie inchangée depuis fort-fort lointain
les assurances complémentaires ou mutuelles mandatées par et pour leur client remboursent les frais optiques désignés clairement sur le contrat.
les parents et voisins participent à l'achat suivant le cas...
Tous ces intervenants ont une certaine part de complémentarité.
Mais à présent les équilibres des donneurs d'ordre se mélangent car à force de tirer la couverture (sociale) vers et pour eux, celle-ci se déchire et TOUT le monde pleure ou va pleurer, clients-patients compris...