Il y a deux mois, nous vous annoncions l’ouverture dans deux Monoprix d’un espace santé, où il est notamment possible d’acheter des lunettes correctrices et, surtout, de tester gratuitement sa vue et de bénéficier d’une ordonnance sous 72 heures via téléconsultation asynchrone. Celle-ci a fortement fait réagir.
Éviter les pratiques médicales aux garanties insuffisantes
Le directeur général de la Cnam, Thomas Fatome, a donné son avis sur cette espace santé dans une interview pour Pharmacien Manager. Selon lui, « le déploiement des cabines de téléconsultation dans des supermarchés doit être regardé », pour « éviter le développement de pratiques médicales qui ne présenteraient pas de garanties suffisantes en matière de qualité et de continuité des soins ».
Il met ainsi l’accent sur trois points fondamentaux, selon lui, que doit concilier la prise en charge des téléconsultations :
- Facilité d’accès aux soins ;
- Respect des principes du parcours de soins coordonné ;
- Connaissance préalable du patient par le professionnel de santé qui réalise la téléconsultation.
En avril, l’Ordre des médecins demandait au gouvernement de réagir
Dès avril, l’Ordre des médecins avait commenté cette initiative (sans citer Monoprix mais en se contentant de parler d’un « supermarché ») en rappelant que « la téléconsultation doit être inscrite dans le parcours de soin coordonnés » et que « la prise en charge de patients exclusivement en téléconsultation porte atteinte aux exigences déontologiques de qualité, de sécurité et de continuité des soins. » L’Ordre avait alors demandé au gouvernement de « réagir avec fermeté pour défendre les principes régissant l’organisation des soins en France, et pour protéger l’acte médical au service des patients ».
T Fatome dit que ces cabines doivent être regardées à l'aune de la qualité des soins et du parcours de soins. Et il rappelle que les médecins sont opposés à une marchandisation des soins. Il ne valide donc absolument pas ce concept de supermarché tant qu'ils ne seront pas capables de prouver et garantir ces points.
A titre personnel, je ne vois pas comment un tel système privé, capable de changer du jour au lendemain de professionnel de santé selon ses propres critères, peut être compatible avec le respect de la liberté de diagnostic des médecins. Un médecin déclenchant des stats de ventes moindres dans ces espaces santé monoprix se verrait probablement très vite remplacé par un autre confrère plus "performant". Idem pour une cabine de téléophtalmologie financée par un supermarché de l optique !
Dans un entretien complet à paraître dans Pharmacien Manager en juillet prochain, Thomas Fatome, directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie revient sur l’initiative lancée par Monoprix.
La téléconsultation chez Monoprix est-elle une bonne idée, selon vous ?
Hors dérogations liées à la crise sanitaire, la prise en charge des téléconsultations doit permettre de concilier facilité d’accès aux soins, respect des principes du parcours de soins coordonné et une connaissance préalable du patient par le professionnel de santé qui réalise la téléconsultation. Il s’agit d’éviter le développement de pratiques médicales qui ne présenteraient pas de garanties suffisantes en matière de qualité et de continuité des soins. C’est à l’aune de ces exigences que le déploiement des cabines de téléconsultation dans des supermarchés doit être regardé. L'Ordre des médecins a d'ailleurs indiqué que « la médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce ».
La création d'un espace « La Santé au quotidien » chez Monoprix ouvre-t-il une brèche à la distribution de médicaments dans les parapharmacies des GMS ?
L’Assurance maladie est très attachée au rôle du pharmacien dans le cadre de la délivrance des médicaments et des produits de santé. Son rôle de conseil et d’accompagnement des patients permet de s’assurer d’une prise en charge efficiente des soins. La crise du Covid-19 a démontré cet attachement avec une distribution exclusive des produits de santé, à l’exception des masques, en pharmacie, gage de qualité et de sécurité.
Propos recueillis par Peggy Cardin-Changizi
Depuis quand une école de commerce à les connaissances Optométristes, Orthoptiques et Ophtalmologique pour justifier une telle activité?
Fermeture immédiate avec amende sans discussion pour pratique illégale de la médecine !