Lors de la session des questions orales de l’Assemblée nationale du 30 janvier, particulièrement désertée par les députés, la députée Marina Ferrari a demandé une reconnaissance des optométristes en France, « nécessaire pour fluidifier davantage le parcours de soins » dans un contexte de déserts médicaux en ophtalmologie. L'intégralité de l'intervention est en vidéo ci-dessus.
L'élue de Savoie a souligné que les optométristes « qui détiennent pourtant un diplôme de niveau master 2 », exercent déjà en cabinet d’ophtalmologie « mais sans reconnaissance de leurs compétences ».
« Une professsion hybride »
La ministre déléguée chargée du renouveau démocratique et porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, a répondu au nom du ministère de la Santé, du Travail et des Solidarités :
« Il est impératif de rendre les soins visuels accessibles à tous, pour tous et partout. Pour répondre à ces besoins, plusieurs mesures sont d’ores et déjà appliquées, telles que l’augmentation du nombre de postes d’internes en ophtalmologie. Entre 2017 et 2023, le nombre de postes ouverts et pourvus a ainsi augmenté de près de 10 %. Par ailleurs, en complément des ophtalmologistes, deux professions de santé interviennent en matière de prise en charge visuelle de la population : les orthoptistes et les opticiens-lunetiers, dont le périmètre de compétence est en constante évolution depuis 2016, comme vous l’avez très justement relevé ».
« Étant donné la manière dont est structurée cette filière, créer une nouvelle profession pourrait conduire le patient à se perdre dans le parcours de soins visuels et complexifierait l’organisation des acteurs sans améliorer significativement la prise en charge des patients », a-t-elle déclaré.
Travailler sur les ressources de la filière ?
« L’optométrie constitue une profession hybride de soignant-vendeur, qui présente – potentiellement – des risques majeurs de dérives », a-t-elle continué sur le sujet du conflit entre la prescription et la vente.
Prisca Thevenot a conclu sa réponse en affirmant que « la reconnaissance du métier d’optométriste n’est actuellement pas envisagée » par les services du ministère de la Santé « qui travaillent sur les ressources de la filière ».
Une réponse jugée « étonnante et incohérente » par Marina Ferrari, car « les opticiens assistent déjà les ophtalmologistes et sont nombreux à être également optométristes. Nous retravaillerons sur cette question ».
Conflit entre la prescription et la vente
Il est fort probable que la représentante du ministère de la Santé, du Travail et des Solidarités ne maîtrise pas le sujet du "conflit entre la prescription et la vente"... Le pharmacien qui préconise à son client senior la vaccination de la grippe ou du covid, prescrit son acte de vaccination et vend l'injection. Le Kiné qui renouvelle des séances, prescrit et vend sa prestation. Le chirurgien orthopédique qui préconise l'opération avec pose d'une prothèse, prescrit et vend. L'ophtalmologiste qui préconise l'ablation du cristallin avec pose d'un implant, prescrit et vend. etc. Les exemples dans le secteur de la santé sont nombreux. A chaque fois, ce sont des actes pris en charge par la sécurité sociale et les complémentaires santé !
Depuis , l'optométrie n'est toujours pas reconnue ni mise en application serieusement alors que cela fait 43 ans qu'on forme des optométristes. A qui la faute? Au lobby des médecins ophtalmologistes bien évidemment! Cherchez a qui le crime profite; la fourmi n'est pas prêteuse et les ophtas bien soucieux de défendre leurs prérogatives sans laisser quelques miettes.
On est en France
- 1 : Le nombre d'internes a été augmenté de 10%. Il n'existe pas des internes qui renoncent à la médecine, qui ne réussissent pas leur internat ou qui changent de spécialisation ? 10% d'internes ne veut pas forcément dire 10% de futurs ophtalmologistes en plus.
- 2 : 10% d'ophtalmologistes en plus au maximum sachant qu'il faudrait que leur nombre double à minima et triple dans l'idéal c'est vraiment du foutage de gu*****
- 3 : Reconnaitre les optométristes rajouterait un 4ème acteur donc les gens seraient perdus et ça n'arrangerait rien dans la prise en charge des patients. Heu sérieusement ? Donc déjà les gens sont débiles alors. Ils peuvent pas comprendre que l'ophtalmologiste c'est le médecin et l'optométriste l'examinateur de vue ? Comment ils font à l'étranger ils comprennent pas ? Ou ils sont moins débiles que nous ? Je rappelle aussi que les gens commencent à le comprendre car ils sont de moins en moins pris en charge par les ophtalmos pour leur examen de vue, et de plus en plus par un orthoptiste voire même une secrétaire dans certains cas c'est dire ! Donc les gens savent déjà. En plus rajouter des pros qui vont faire des examens de vue ça va FORCEMENT améliorer la prise en charge des patients. Donc n'importe quoi !
- 4 : Il y a une confusion totale entre opticiens et optométristes. La porte parole dit clairement que les opticiens ont une composante commerciale. Et juste après elle dit que les optométristes sont hybrides et sont des soignants-vendeurs. Elle associe donc les optométristes aux opticiens en disant que c'est la même chose et les mêmes personnes et que ce sont aussi des vendeurs. N'importe quoi ! Si la profession demande à être reconnue
c'est JUSTEMENT pour se concentrer sur les examens de vue et éviter cette confusion. Donc on mélange vraiment les 2.
- 5 : Quand on est vendeur il va forcément y avoir des dérives. Merci du compliment pour tous les vendeurs de France. Merci aussi pour nous les opticiens et pour les optométristes. Dois-je rappeler les nombreux scandales actuels dans les centres de santé et notamment les centres de vision dont certains sont carrément fermés ?
- 6 : Si les opticiens font une adaptation de l'ordonnance ça peut être considéré comme de premier recours. Car le porteur ne va pas voir l'ophtalmologiste, c'est l'opticien qui fait tout. Donc avec une ordonnance pendant 5 ans c'est l'opticien qui fait l'examen de vue (ou 3). Donc c'est déjà un premier recours. Dans ce cas faut pas autoriser du tout les opticiens à faire des examens de vue non plus alors s'ils peuvent faire la correction qu'ils veulent sans que le porteur passe chez l'ophtalmologiste. Si on l'accepte pour les opticiens pourquoi pas pour les optométristes ?
- 7 : Enfin j'adore cette idée que nous on serait des vendeurs, des commerçants et que, de ce fait, on serait tentés d'abuser et de faire des dérives, mais pas les médecins ni les autres paramédicaux. Même les médecins sont des commerçants, des commerçants de la santé. Quand une consultation d'ophtalmologie coûte entre 80 et 90 euros, pareil pour les psys, que les dentistes se fournissent chez qui ils veulent et facturent ce qu'ils veulent, que les pharmacies vendent certains produits plutôt que d'autres pour atteindre des objectifs de labo et avoir des avantages ensuite, qu'on voit des pratiques médicales un peu voire carrément douteuses et pourtant répandues comme l'homéopathie ou les compléments alimentaires (sans parler des trucs new-âge, avec les pierres qui donnent de l'énergie et autres trucs un peu farfelus du même genre). Et la liste n'est pas exhaustive. Enfin je rappellerai la chose la plus importante : c'est l'Etat qui a décidé d'imposer aux hôpitaux et aux médecins vous savez quoi ? La tarification à l'acte. Si ça c'est pas une mesure permettant à la médecine de devenir un business je sais pas ce que c'est ! Tous les hôpitaux la dénoncent cette tarification ! Aujourd'hui elle contribue en grande partie à l'effondrement de nos hôpitaux et de la qualité des soins en raison d'objectifs économiques de rentabilité imposés à la santé. Réduction des coûts, augmentation des profits, cette attitude très capitaliste et mercantile voire cupide a été imposée à nos hôpitaux par l'Etat. Et maintenant ils font les prudes en disant que les optométristes pourraient être intéressés par l'argent et créer des dérives donc il faut pas les reconnaitre. Quelle hypocrisie !
Encore une preuve s'il en fallait une de la bêtise ou/et de la malhonnêteté de nos dirigeants.
Mais il est aussi effarant de constaté le peu de présent dans hémicycle. La santé et particulièrement la santé visuelle ne concerne apparemment que trop peu de nos députés et/ou sénateurs comme toujours.
dans notre news du 5 septembre 2023, nous avons effectivement indiqué que 60 étudiants ont choisi ophtalmologie, mais dans les 500 premiers à l'ECN.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a eu que 60 nouveaux internes en ophtalmologie en 2023. Le total exact est de 153 (+2 en CESP).
Le terme de soignant vendeur me fait doucement rire, tous les actes médicaux sont facturés (qu'ils soient payés par le système de santé ou non n'y change rien) et donc avec une logique pécuniaire. Il faut arrêter de croire qu'un Ophta fait sa profession dans une démarche purement philanthrope et qu'il veut permettre à tout le monde de voir.
À partir du moment où tout le système de santé tourne sur une logique de rentabilité pour les professionnels (ce qui est normal), quel est le souci dans ce cas à reconnaître un Opto. Je ne connais aucun Opto qui fera des prescriptions bidon sous prétexte qu'il veut vendre, au même titre qu'un Ophta ne fera pas une opération si elle n'a pas lieu d'être. Il y aura toujours certaines dérives, peu importe la profession, médecin ou pas, mais généraliser ces dérives a tendance à me faire perdre mon calme.
Il faut aussi ouvrir les yeux sur la réussite des autres pays. L'argument selon lequel le marché est différent à cause de la sécu + mutuelle n'a aucun sens. Déjà parce qu'aujourd'hui le remboursement de la sécu est dérisoire (je ne parle pas des 5% de RAC0 sur le marché) et ensuite parce que les mutuelles existent aussi dans les autres pays sauf que nos voisins ont arrêté de brasser du vent et les ont nommées ce qu'elles sont, à savoir, des assurances.
Tout ça pour dire que ne pas reconnaître les Optos est une sacrée connerie selon mon humble avis. Un myope n'est pas malade, il a une déficience visuelle. Le médecin est là pour traiter les pathologies, pas vérifier l'examen de vue de son assistante. Ça suppose que dans le cas où un Opto verrait que quelque chose ne va pas, il orienterait le patient vers l'Ophta. On réduira les délais d'attente pour les examens de vue, les Ophta pourront se concentrer sur ce qu'ils sont vraiment censés faire : gérer de la pathologie, on augmenterait la qualité des prestations de santé parce qu'on ne serait plus dans le rush de devoir prendre 10 patients par heure et on arrêtera enfin ce protectionnisme de l'acte d'examen visuel qui est dramatisé et rendu bien plus important qu'il n'est.
Et personne ne dit rien pour les chirurgiens dentistes qui prescrivent des implants et les vendent...
Moi qui ai passé un diplôme d'optométrie reconnu par l'état en 1998, je vois que malheureusement rien ne change.
Alors que chez nos voisins helvétiques la filière est bien organisée : opticien, optométriste, orthoptiste et ophtalmologue au bénéfice des clients qui obtiennent un examen de la vue dans la journée en magasin !
Comment ne sommes nous pas capable de nous en inspirer ?
Quant aux dérives commerciales dans la filière de l'optique... Quand on observe des délais de rendez-vous allant jusqu'à plusieurs mois pour un examen de réfraction, mais de seulement quelques semaines pour une opération de cataracte, on ne peut que s'étonner de la différence de traitement des patients à l'aune de la facturation de la prestation. Et que dire des prescriptions faisant apparaître nommément sur une marque de verre spécifique.
De plus, je m'interroge encore sur ce double traitement des optométristes. Comment peut on délivrer un diplome d'université - donc reconnu par l'état - pour une profession qui - toujours d'après l'état - n'existe pas. C'est fascinant!
Je constate, 23 ans plus tard que rien n'a changé dans considération de l'Optometrie en France.
L'impossibilité de communication entre les deux ministères de la Santé et de l'Éducation reste ici criante.
J'aimerais rappeler ici que l'opticien, reconnu comme professionnel de Santé est aussi, à ce titre assujetti à une formation continue triennale.
Même si je défends la défiance vis à vis de sa responsabilité dans ses actes à finalité commerciale, son acte initial de bilan visuel mérite d'être accueilli favorablement, quand il est de bonne foi d'améliorer le quotidien de la personne compensée, inclue dans un parcours médical de sa Santé Visuelle.
Considérant les très grandes compétences des Optométristes, rappelant ici le fer de lance international en la matière qu'est le Canada, j'aime à rappeler que la formation est également alimentée chez nous par les connaissances d'ophtamlogistes enseignants le dépistage en pathologie.
Ce qui explique effectivement leur présence, à l'issue, au sein des cabinets médicaux.
Disons le alors au risque d'apparaître anachronique (je disais la même chose, il a 23 ans): la France est un des rares pays au monde à ne pas reconnaître l'Optometrie sur son territoire en terme de profession (pas de compétences) , pour une spécialité reconnue d'utilité publique par l'OMS... Ou encore partout autour de nous en Europe...
Mon fils y est actuellement en formation à la FHNW d'Olten.
Cette non reconnaissance est France fait très certainement qu'il y restera pour sa vie professionnelle.
Augmenter de 10% le nombre de places d'internes en ophtalmo ne changera rien aux délais de prise en charge en France avec une population vieillissante.
Il faudrait juste plutôt qu'ils acceptent de plus se concentrer sur tout ce qui est chirurgical et de laisser une part du gâteau à des personnes très bien formées aux diagnostics.