Vendredi 12 juillet 2024, trois textes réglementaires concernant la primo-prescription de lentilles de contact par les orthoptistes ont été publiés au journal Officiel. Le Syndicat national autonome des orthoptistes (SNAO) a salué la parution de ces arrêtés, qui étaient attendus depuis des mois, voire des années.

Un décret qui ne fait pas l'unanimité

Dans un communiqué, l'Association des optométristes de France (AOF) s'interroge et exprime des réserves sur ce nouveau décret. Son président Thibaud Thaëron nous a confié s'interroger sur la finalité de ce décret.

 

Thibaud Thaëron : selon moi, ce décret souligne une méconnaissance du dossier de la part du ministère de la Santé sur le sujet de la contactologie. La prescription de lentilles nécessite un examen complet, ce n'est pas une simple délivrance. Il en va de la sécurité du patient. Car si les complications sont rares, il ne faut pas les méconnaitre. 

Or nous pouvons nous interroger sur la décision d'autoriser des professionnels de santé à prescrire une lentille sans avoir à réaliser un examen à la lampe à fente au préalable. Je ne connais personne qui soit en mesure de faire un examen de la surface oculaire sans lampe à fente.

Ce décret pose aussi la question de la formation. Les orthoptistes diplômés avant 2017 n'étudiaient que peu ou pas la contactologie, sauf à travers une formation complémentaire de 14h. Ce n'est pas suffisant pour acquérir les compétences nécessaires pour garantir un équipement en lentilles de contact sûr et efficace pour leurs patients. À titre de comparaison, les opticiens qui suivent une licence reçoivent plus de 230 heures dédiées à l’étude de la contactologie, tandis que les opticiens optométristes de niveau master bénéficient de plus de 360 heures de formation.

Il existe déjà des délégations de tâches sur le terrain sur lequelles il faut s'appuyer. Cette loi va compliquer le parcours du patient en contactologie, qui est déjà suffisamment complexe en France. Quel est le but de cette loi et qu'apporte-t-elle au patient, si ce n'est plus de danger. Et au praticien ?

Ce décret installe des prérequis insuffisants à la primo-prescription. Il existe des complications réelles en contactologie. La santé visuelle des patients et la reconnaissance des compétences avérées des opticiens et optométristes ne doivent pas être sacrifiées sur l'autel d'intérêts corporatistes. Nous nous tenons à la disposition du ministère pour revoir ce décret.