À l'heure où un décret concernant la remise en bon état d'usage des dispositifs médicaux (DM) vient de paraitre et que des arrêtés sont attendus pour savoir ce qu'il adviendra de la catégorie "lunettes", nous avons souhaité faire un tour d'horizon des différentes initiatives qui existent aujourd'hui dans ce domaine en France.
Après Ecouter Voir et Lunettes de Zac, nous avons proposé au groupement Optic 2000 de dresser le bilan de son programme Revue, avec Sandrine Ladoux, directrice de la communication, santé et RSE du groupe.
Sandrine Ladoux, directrice de la communication, santé et RSE du groupement Optic 2000
Acuité : En quoi consiste le programme Revue ?
Sandrine Ladoux : C'est un programme que nous avons lancé en 2022, et qui s'est déployé progressivement. Il s'appuye sur 4 axes :
- Réparation des montures
- Remise en état et revente
- Redistribution aux associations
- Recyclage
En 2023, nous avons franchi une étape supplémentaire en proposant des lunettes solaires non correctrices de seconde main à la vente. Plus de 500 magasins du groupe se sont inscrits à date dans cette démarche. Il est important de familiariser progressivement les collaborateurs des magasins à cette nouvelle tendance de consommation.
Acuité : comment fonctionne la collecte ?
Sandrine Ladoux : Chacun des 1 400 magasin Optic 2000 et Lissac sont équipés d'urnes de collecte de montures usagées que nos clients déposent. Depuis 2022, nous avons collecté 1,9 millions de montures, soit 44 tonnes. Chaque printemps, nous lançons une opération de communication pour inciter les consommateurs à déposer leurs montures en échange d'un bon d'achat de 50 euros. Rien qu'en 2024, nous avons ainsi collecté 775 000 paires de lunettes, soit 18 tonnes. 90% d’entre elles sont envoyées pour recyclage et 10% à des fins d’actions solidaires.
Urne de collecte Revue dans un magasin Optic 2000
Acuité : que deviennent les lunettes collectées ?
Sandrine Ladoux : Elles sont envoyées à un Esat (établissement et service d'accompagnement par le travail, structure employant des personnes en situation de handicap ou éloignée du monde du travail) où est réalisé le tri. Les montures équipées d'unifocaux simples sont envoyées au Medico Lions Club pour servir dans des missions humanitaires, soit 170 000 montures depuis 2022. La majorité des lunettes collectées sont en trop mauvais état ou équipées de verres progressifs et sont envoyées chez Terracycle pour être recyclées.
Remise en état d'un monture dans l'atelier du groupe
Acuité : que pensez-vous du décret de remise en bon état des DM qui vient d'être publié au Journal Officiel ?
Sandrine Ladoux : On ne peut que se féliciter de la publication de ce décret, puisque nous l'attendons depuis 2 ans au moins et que nous l’avons encouragé lors de nos échanges avec la DSS et l'Afnor, de façon à faire valoir les spécificités de l'optique-lunetterie. Nous continuons la sensibilisation auprès de nos élus et des administrations publiques pour que l’optique soit bien intégrée dans le périmètre du décret et que la rédaction des arrêtés soit conforme à la réalité de notre filière. Aujourd'hui, la loi est très contraignante pour la remise sur le marché des solaires reconditionnées : il faut d’abord modifier le Kbis, renseigner un registre de police, le signer, le parapher...la période de mise en œuvre est longue et fastidieuse. Il est important d'aller vers un assouplissement du dispositif.
Un point d’attention particulier est porté sur les modalités de remise en bon état d’usage : il est question dans le décret de centres agréés, et nous souhaitons que cette remise en bon état d'usage puisse être réalisée dans les magasins d’optique, ainsi que dans des ateliers comme le nôtre à Clamart.
Corner Revue en magasin
Acuité : quelle est la place que va prendre la lunette de seconde main sur le marché de l’optique selon vous ?
Sandrine Ladoux : C'est très difficile à estimer. Ce marché en est à ses balbutiements concernant les lunettes solaires, et il est inexistant concernant les lunettes correctrices. Nous sommes attentifs aux différentes études qui ont pu être publiées jusqu'à présent, qui révèlent notamment que 40% des consommateurs sont intéressés par des lunettes de seconde main, un taux qui grimpe à 80% concernant les lunettes correctrices. Ce ne sont que des estimations, et la concrétisation des achats sera probablement toute autre. Mais en tout état de cause, il y a un fort potentiel, bien qu'il y ait encore trop d'inconnues pour estimer le potentiel de ce nouveau marché.