Dans une question publiée au Journal Officiel le 5 décembre, Ronan Kerdraon, sénateur PS des Côtes-d'Armor, interpelle la ministre des Affaires sociales et de la Santé sur « la nécessité de faire évoluer la formation des opticiens ». Selon lui, il serait possible d'envisager une « troisième année de formation qui pourrait intégrer deux stages pratiques à l'hôpital et en cabinet médical ». Dernièrement, Didier Papaz, président d'Optic 2000, a également plaidé devant des parlementaires pour la création d'une licence « délivrée par des facultés de médecine »*.
Les opticiens « véritables partenaires de santé des ophtalmologistes »
Pointant du doigt la pénurie croissante d'ophtalmologistes, Ronan Kerdraon reprend les chiffres du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) selon lesquels, seuls 8 millions de patients seront pris en charge en 2020, contre dix millions aujourd'hui. Dans ce contexte et face à des besoins qui continuent de croître, l'élu rappelle que « la loi n°2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) prévoit les protocoles de coopération entre professionnels de santé. Aujourd'hui, on compte 25 000 opticiens-lunetiers, professionnels de santé qualifiés pour conduire des examens basiques de la vue, telle la réfraction. Ils pourraient être de véritables partenaires de santé des ophtalmologistes et contribuer à la prise en charge des patients, dans le cadre d'un protocole de soins conclu sous l'égide de la Haute autorité de santé ». Ronan Kerdraon assure que « cette délégation de tâches garantirait des économies de 200 millions d'euros à la collectivité, puisque cet examen, conduit par un opticien-lunetier, serait facturé à un prix moindre (trente euros, contre quarante euros actuellement, pour une consultation d'ophtalmologiste) et non remboursé par la sécurité sociale ».
Une formation en trois ans et des stages en milieu médical
« Cette délégation de tâches pourrait impliquer de renforcer la formation des opticiens-lunetiers en l'allongeant d'une année (trois ans contre deux ans aujourd'hui), afin de renforcer leurs compétences en matière d'examen de vue, d'adaptation de lentilles, voire d'initiation au dépistage, continue le sénateur de la majorité. La troisième année de formation pourrait intégrer deux stages pratiques à l'hôpital et en cabinet médical, encadrés par des ophtalmologistes, afin de faire travailler ensemble ces deux professions, selon des modes opératoires voulus par les médecins spécialistes. En outre, ce cycle de formation, qui serait reconnu par l'État et intégré dans le cadre du cursus européen licence-master-doctorat (LMD), pourrait être financé par les opticiens eux-mêmes, afin de ne pas alourdir les dépenses de l'État ».
Alors cette proposition de Ronan Kerdraon pourrait-elle être la solution à des délégations de tâches entre ophtalmologistes et opticiens ? Rappelons que lors de notre face à face au Silmo 2013, pour expliquer le choix des ophtalmologistes à travailler avec des orthoptistes, le Dr. Jean-Bernard Rottier, président du Snof, mettait notamment en avant le fait que « les orthoptistes sont formés dans les services d'ophtalmologie. Les internes les côtoient pendant leurs études et donc c'est assez naturellement qu'ils travaillent ensemble ». Philippe Verplaetse, président de l'Association des optométristes de France (AOF), rappelait quant à lui « qu'il y a 15 à 20 ans les maîtrises d'optométrie passaient par les services hospitaliers ».
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