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Loi Hamon, PPL Le Roux... Vous nous avez dévoilé votre désarroi et votre colère

Loi Hamon, PPL Le Roux... Vous nous avez dévoilé votre désarroi et votre colère
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Suite à l'adoption à l'Assemblée nationale cette semaine de plusieurs mesures législatives visant à inciter et réglementer la vente de lunettes et de lentilles sur Internet (loi Hamon), ainsi qu'à encadrer le métier d'opticien et le parcours de soins (PPL Le Roux), nombreux sont les professionnels de notre filière à réagir. Après avoir fait parler les institutionnels (enseignes, syndicats etc.), Acuité vous rend la parole...

 

« L'essentiel du prix des lunettes, c'est le travail de l'opticien »

Un nouveau front de concurrence s'ouvre avec la loi Hamon, mais pour nombre d'entre vous, il ne faut pas céder à la peur. Philippe Mancier, gérant d'un magasin Générale d'Optique à Calais, comprend « que certains [clients] soient tentés par l'achat sur Internet, s'ils estiment que la valeur ajoutée de nos magasins n'est pas suffisante. Cela dit, s'interroge-t-il, qui va effectuer les réglages, les réparations, les ajustages et les mesures que l'ophtalmologiste n'a ni le temps ni les moyens de faire ? »
Pour Philippe, nul doute que la clé se situe dans l'humain : « à nous de faire en sorte que le service soit au rendez-vous, estime-t-il. (...) Notre Gouvernement légifère pour favoriser l'achat en ligne au détriment de la qualité, de l'emploi et du Made in France », poursuit-il, avant d'ajouter que « l'essentiel du prix des lunettes, c'est le travail de l'opticien et de son équipe, on ne reproche pas au boulanger le prix bas de sa farine, l'important est qu'il fasse du bon pain ! »


Quid de l'industrie optique française ?

Pour Alain Monier, opticien aux Antilles, les incohérences du Gouvernement sont flagrantes : « l'industrie Morézienne tend à disparaître, au profit de l'Italie et de la Chine. Les mutuelles essaient par tous les biais de moins rembourser les équipements optiques, tout en les remboursant à 100%. Le Gouvernement, pour une question purement idéologique, fait le jeu des mutuelles, favorise la vente sur Internet, déplore-t-il. Bientôt l'Etat ne récupérera même plus la TVA si les sites sont directement en Chine ! »
« C'est la plus grande aberration de cette décennie », assène-t-il, avant de prophétiser « le renforcement des grosses enseignes, le développement de mégas groupes pouvant acheter pas cher à l'étranger (...) La disparition des opticiens de quartier (...). La concentration encore plus importante des fabricants de lunettes qui finiront par imposer leur prix, si ce n'est déjà fait. »

 

« Les gens honnêtes, les passionnés et la jeune génération sont là »

Sur les réseaux sociaux, vos messages d'indignation pleuvent, à l'image de celui de Tyb Cram qui s'adresse à la ministre de la Santé dans un long commentaire posté sur Facebook. Face aux critiques, il se demande « pourquoi autant d'acharnement sur notre profession ? ». « Notre filière a évidement des choses à se reprocher, admet-il, mais les gens honnêtes, les passionnés et la jeune génération sont là. »
L'avenir s'obscurcit selon lui, « demain, les clients rentreront en magasin, tendront leur carte de mutuelle et nous n'aurons qu'à choisir les verres dans une liste imposée (d'ailleurs, "demain" existe déjà). Verres qui évidement ne correspondront en rien aux besoins du client, mais à fructifier les caisses d'assurances. Ces mutuelles vendent du rêve et parient sur des hypothétiques risques. Ça s'appelle du poker, et moi je ne joue pas avec mes clients ! », affirme-t-il.

 

« Ne pas céder au découragement. Ne pas céder à la haine »

Pour sa part, Olivier Tournant se dit « écoeuré par l'évolution du métier. J'ai décidé de vendre mon magasin, chose faite il y a 3 semaines ». Il prône l'action et « propose la grève de la télétransmission aux différents organismes obligatoires. (...) A défaut de se faire écouter, on se fera peut-être un peu entendre ! », espère-t-il.

Optimistes ou combatifs, les opticiens n'ont peut-être pas dit leur dernier mot, comme le prouve Bertrand Marin qui exhorte la profession à « ne pas céder à la peur d'Internet (...) ; au découragement (...) ; à la facilité : la loi sur les réseaux est passée ? Ne courrez pas directement dans les bras des Ocam : pas de signature d'opticien = pas de réseau ; à la haine. (...) »
Se sentant « l'âme d'un Jedi », il encourage les opticiens à prendre « leur destin en main », car « c'est chacun de nos actes et de nos paroles qui conditionneront l'avenir de notre métier », veut-il croire.

Voir aussi notre débat sur le Silmo 2013 : En quoi la PPL Le Roux va changer la prise en charge du patient ?
 

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