Suite à notre interview hier du sénateur UMP et opticien-audioprothésiste Gérard Cornu*, vous avez été nombreux à réagir sur notre forum de discussion et les réseaux sociaux. Rappelons que la Commission des Affaires économiques du Sénat s'est d'ores et déjà prononcée en seconde lecture sur une série d'amendements au projet de loi relatif à la consommation et son article 17 quater. Ainsi, le texte qui sera présenté en séance publique** reprend l'allongement de la durée de validité d'ordonnance à 5 ans (contre 3 actuellement) et maintient la mesure introduite par les députés stipulant que l'écart pupillaire devra figurer sur l'ordonnance.
L'allongement à 5 ans ne semble pas une bonne idée pour certains d'entre vous
Tout d'abord concernant la durée de validité d'ordonnance, vous semblez une majorité à ne pas soutenir l'idée d'un allongement à 5 ans. Pour Johan Mercier Fantini, « ils font tout pour empêcher que les opticiens puissent devenir optométristes en France. Ils pensent ainsi désengorger l'ophtalmologie, mais on en parle des gens qui changent tous les ans de vue ?, s'interroge-t-il. Je trouve ça réellement aberrant ». « Il me semble déraisonnable de passer à 5 ans, car qui dit 5 ans pour le renouvellement de lunettes, dit peut-être 7 à 8 ans pour revoir le médecin, souligne de son côté notre acuinaute Phil Levasseur. Ce qui est beaucoup en regard de certains risques ».
Une opinion soutenue par le Dr. Jean-Bernard Rottier, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof), qui répond sur notre forum : « Vous avez raison pour les 5 ans : c'est de la folie et il faut oser écrire qu'aucune étude ne prouve que c'est dangereux (un argument des sénateurs, ndlr). Il y a plein de recommandations internationales disponibles... si on les demande ». « Trois ans est largement suffisant, selon Gammara. De toute manière, passé ce délai, renouvellement ou pas, je demande au client de reprendre un rendez-vous avec son ophtalmo. En général, les mots ‘glaucome ou cataracte' permettent de faire comprendre aux clients que si on fait ça, c'est en premier pour leur bien ».
Ecart pupillaire : « les clients partis sur Internet reviendront »
La Commission des Affaires économiques du Sénat a décidé de maintenir la mesure introduite par les députés concernant l'écart pupillaire sur ordonnance. Le rapporteur du texte, Alain Fauconnier, a tenu à préciser pour « une amélioration logistique » que son entrée en vigueur serait différée de six mois. « Tous les ophtalmologistes ne sont en effet pas, à l'heure actuelle, équipés du matériel nécessaire ». Mais la disposition n'est pas claire : « on parle d'écart ou de demi-écart ?, se demande Beaujard Clerger Olivier. Je sais que c'est jouer sur les mots mais on peut foirer un centrage de progressifs comme ça. Sans compter que le texte ne parle pas d'écart VL ou VP », souligne-t-il.
« De toute manière, les gens ne seront pas satisfaits de ce genre d'équipements, ils testeront et reviendront, pense Gammara Anthony. Les tarifs des forfaits sont quasi-identiques entre le net et la boutique avec tout le reste en plus ». Pour Amina Bouamama, « nous ne pourrons pas empêcher les clients de tester les lunettes sur Internet. Ne serait-ce que parce que certains réseaux (de soins, ndlr) en font la pub. Par contre, nous pourrons démontrer à la clientèle Internet que nous avons un réel rôle de professionnels auprès de nos clients en termes de services, lorsque nous refuserons d'effectuer les ajustages, remplacement de plaquettes, réglages en tous genres et surtout de rechercher des causes d'inadaptation ! ». Mais toujours « avec le sourire, les clients comprendront dans ces moments précis qu'ils auront fait une erreur, continue-t-elle. Ils referont leurs équipements chez un opticien qui leur aura expliqué quel est le véritable rôle d'un opticien ».
*Lire aussi : Ordonnance à 5 ans et écart pupillaire : le sénateur (opticien) Gérard Cornu commente les amendements adoptés au projet de loi Hamon (16/01/2014)
**Les sénateurs examineront le projet de loi relatif à la consommation en séance publique les 27 et 28 janvier prochains.