La reconnaissance de l’optométrie est de nouveau soutenue dans un rapport conduit par le député socialiste Richard Ferrand, à la demande du ministère de l’Economie, sur l’impact territorial d’une réforme des professions réglementées. Le document, remis hier à Bercy, propose notamment d’ouvrir rapidement « la prescription de verres correcteurs aux optométristes » pour « pallier le manque d’ophtalmologistes sur le territoire national ».
Le modèle retenu par Marisol Touraine est-il le bon ?
Aussi, Richard Ferrand n’hésite pas à remettre en cause le modèle retenu par la ministre de la Santé pour réduire les délais d’attente en cabinet d’ophtalmologie. Alors que Marisol Touraine a reçu une délégation des « 3 O » le 30 octobre dernier, assurant avoir la main sur le dossier pour accélérer les protocoles de coopération, le parlementaire estime que ce modèle ne ferait « qu’entretenir le malthusianisme de la profession, au regard du numerus clausus qui s’impose aux étudiants, et par corollaire du développement du salariat qu’elle induit ». Il considère « que cette organisation ne répondra, à moyen terme, qu’imparfaitement au problème démographique évoqué supra ».
« Conduire une réflexion sur la reconnaissance du métier d’optométriste »
Ainsi, pour Richard Ferrand, « nonobstant la démarche développée par le ministère de la Santé, la mission estime qu’elle ne doit pas être exclusive d’une réflexion parallèle portant sur la reconnaissance du métier d’optométriste. Comme le rapport d’information du Sénat sur les coopérations entre professionnels de santé le préconise, la création de professions intermédiaires pourrait constituer une piste de réflexion intéressante ». Il plaide alors pour « conduire une réflexion sur la reconnaissance du métier d’optométriste, à l’instar de la reconnaissance du métier d’infirmier clinicien. Toutefois, au regard de l’urgence démographique exposée supra, la mission estime que la reconnaissance de ce métier, qui devra nécessairement associer le ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche, devrait intervenir dans des délais inférieurs à ceux qui ont prévalus pour celui d’infirmier clinicien ».
Respecter la séparation entre prescripteur et vendeur
Quant aux opticiens, « la question de l’exercice de ce métier se pose au regard du principe de séparation entre le prescripteur et le vendeur, continue Richard Ferrand. En effet, aujourd’hui, au regard de conditions de dispensation de la formation d’optométristes, 18% des opticiens-lunetiers sont titulaires d’un diplôme d’optométrie. La mission rappelle qu’une étanchéité totale et réglementée du métier de prescripteur avec celui de vendeur doit être maintenue ». C’est pourquoi au-delà de la reconnaissance du métier d’optométriste, « la mission plaide pour une plus grande transparence des prix relatifs à la vente de produit ou de prestation d’appareillage auditifs ou d’optique-lunetterie ».
Ce rapport arrive-t-il trop tard ?
Réagissant au rapport, le ministre de l’Economie a jugé que « cette modernisation [des professions réglementées] constituera une opportunité de mettre au point de nouveaux mécanismes destinés à rétablir un maillage territorial qui n’est aujourd’hui plus garanti. Ces propositions ont vocation à enrichir le projet de loi puis le débat parlementaire ». Notons toutefois, que si Richard Ferrand a été chargé de ce dossier le 3 octobre dernier, quelques jours plus tard, le ministre a présenté les lignes de force de son projet de loi « pour l’activité et l’égalité des chances économiques ». Alors questionné sur la reconnaissance de l’optométrie, il a botté en touche, indiquant que les mesures sur la santé se retrouveront in fine dans le futur projet de loi préparé par Marisol Touraine.