Alors que la profession est toujours en attente de la publication du décret sur la réforme des contrats responsables des complémentaires santé, vous êtes nombreux sur notre forum à vous inquiéter du renouvellement tous les deux ans. Une mesure qui, outre les planchers et plafonds de prise en charge, aura un impact sur le marché, selon de nombreux acuinautes. Rappelons que la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS 2014) prévoit que les remboursements des Ocam s’appliqueront dans le cadre d’un renouvellement biannuel, « sauf pour les mineurs ou en cas de renouvellement justifié par une évolution de la vue ».
« Le robinet est fermé »
Si les opticiens ont obtenu en 2007 le droit de renouveler les équipements sur la base d’une ordonnance en cours de validité (moins de trois ans), Kanon pense que « la loi ne servira plus à grand-chose » et que les cabinets d'ophtalmologistes seront davantage « bouchés ». « Le Gouvernement a fermé le robinet au-dessus de notre tête et nous n'avons rien dit, obnubilés que nous sommes par les réseaux, écrit Olisasso sur notre forum de discussion. Nous allons tous perdre chaque année un potentiel non négligeable de clients, qui sont nos plus réguliers et donc nos plus fidèles parce qu'ils renouvellent chaque année. J'en ai personnellement beaucoup », précise-t-il en soulignant que ce ne sont « pas forcément des gros dossiers mais souvent des personnes de classe sociale moyenne ou inférieure qui ont des complémentaires d'entreprises ».
Pour Templeton Peck, la mesure « pourrait bien faire baisser mes ventes de 10% en volume. J'ai quand même pas mal de clients qui changent de lunettes tous les ans, avec du reste à charge ». Et afin de combler ce manque à gagner, il « espère qu'ils prendront une sur-complémentaire... ». Cependant, selon le dernier Baromètre Bien Vu / Gallileo Business consulting, seuls 21% des porteurs renouvellent leur équipement tous les ans. Une tendance qui concerne davantage les jeunes : 47% des 18-24 ans et 43% des 25-34 ans contre seulement 14% des 55-64 ans, par exemple.
Perte de fidélisation et augmentation des abus ?
De son côté, notre acuinaute Mr Duss estime que « si les clients peuvent moins renouveler leurs lunettes, ils continueront à nous prendre du temps pour le SAV (qui va augmenter avec l'allongement de la durée de vie de l'équipement), les ajustages, les produits annexes... C'est un cercle vicieux, alerte-t-il. Moins de clients acheteurs = réduction des effectifs = moins de disponibilité = service de moins bonne qualité = clientèle moins fidèle ». « Et n'oubliez pas que quelqu'un qui perd l'habitude de venir chez vous tous les ans peut très bien vous oublier lors du prochain achat », s’inquiète Olisasso.
« De plus, je pense réellement que cela va conduire certains d'entre nous (...) à faire des actions réprimandables pour gagner un client de plus dans un contexte d'extrême précarité », répond Mr Duss. Toutefois pour Rocambole, la mesure pourrait aussi avoir l’effet inverse : « le renouvellement tous les 2 ans va limiter certains abus. C'est le prix à payer pour assainir les mauvaises habitudes prises par les opticiens et les clients, dans les réseaux », écrit-il.
Que fait la profession ?
Enfin, face à cette situation, vous êtes nombreux à vous indigner du manque de réaction de l’ensemble de la profession à ce sujet. « Nous sommes trop individualistes et nous sommes infoutus de nous entendre entre nous pour mener une action de groupe qui pourrait faire bouger les choses, s’indigne lopservateur. Selon lui, il faudrait « agir via les centrales ou groupements d'achats, avec la participation effective des adhérents, pour réaliser une communication de masse ». « Je suis prêt à donner 150€ de communication pour sauver la profession. L'êtes-vous ? », interroge Olisasso.