Opticiens et optométristes s’opposent toujours outre-Atlantique, alors que les premiers n’ont toujours pas digéré le « règlement sur les actes » autorisant depuis le 26 février les assistants optométriques à réaliser certains actes de leur compétence (choix définitif de la monture, prise de mesures, vérification du confort visuel du patient...). L’ordre des opticiens d’ordonnances (OODQ) accuse ainsi l’Office des professions du Québec d’avoir « induit le Gouvernement en erreur » sur les conséquences de cette nouvelle règlementation, craignant des impacts sur la santé oculovisuelle des Québécois et sur l’avenir de la profession. Aussi, il reproche « d’avoir passé sous silence un avis émis par un comité d’experts mandaté », préconisant de limiter la contribution des assistants « aux activités qui ne sont pas réservées à l'opticien d'ordonnances et à l'optométriste ».
Selon le site Canoe.ca, cette recommandation n'apparaît pas dans le mémoire portant sur la modification des actes médicaux posés par les assistants optométriques. « Nous déplorons que l'Office des professions, malgré la recommandation de son comité d'experts, ait favorisé les intérêts économiques d'entreprises œuvrant dans l'illégalité en induisant en erreur le Gouvernement sur les graves conséquences de ce règlement », explique la présidente-directrice générale de l'OODQ, Linda Samson. Réagissant à ces propos, l’Office des professions du Québec rappelle que la situation n’est que temporaire, s’appliquant pour une durée de deux ans pour faire suite à une pénurie d’opticiens, surtout en région.
En France, des tensions se font également sentir dans la filière mais le débat est tout autre. Les ophtalmologistes hurlent au loup alors que le Sénat vient de supprimer l’obligation d’ordonnance pour la délivrance des verres correcteurs à tous les Français, mesure introduite par la loi Hamon du 17 mars 2014. Certains échanges houleux entre les spécialistes et les opticiens-optométristes concernent également la reconnaissance de l’optométrie. Les députés ont rejeté dernièrement, en séance publique, un amendement au projet de loi Santé visant à réformer notre profession, afin de favoriser l’accès aux soins. Rappelons que les délais de rendez-vous chez l’ophtalmologiste s’allongent* face aux délégations de tâches avec les orthoptistes qui peinent à se mettre en place. A quand les protocoles de coopération avec les opticiens ?
*111 jours d’attente pour avoir un rendez-vous chez un ophtalmologiste, selon le cabinet Jalma, à l’origine de l’Observatoire réalisée avec l'Ifop.