A la fermeture du Silmo, Henri Grasset, président des lunetiers d’Oyonnax nous a fait un bilan du salon 2015. Il nous a parlé plafonnements de remboursements, du made in France et de l’industrie d’Oyonnax.
Acuité : Comment s’est passé ce Silmo 2015 pour les lunetiers d’Oyonnax ?
Henri Grasset : C’est un très bon Silmo pour nos entreprises d’Oyonnax. Le salon était intéressant au niveau de l’international, mais il avait en même temps un très bon éclairage au niveau de la France. A ce titre, nous avons eu certainement plus de fréquentation et des échanges très constructifs avec les opticiens présents.
A. La mise en place des plafonnements a-t-elle une incidence sur les ventes ?
H.G : Les plafonnements peuvent avoir une incidence, mais à ce jour ce n’est pas uniformisé. Le contexte est différent d’un magasin à un autre et lors du Silmo, nous ne l’avons pas forcément ressenti. Toutefois, en tant qu’industriel, nous sommes obligés de tenir compte de cette nouvelle donne. A moyen terme, nous savons que malheureusement ces nouvelles législations que nous ne souhaitions pas, vont tirer les prix vers le bas. Ensuite, c’est aux opticiens d’avoir la capacité de réagir où de proposer les produits à forte valeur ajoutée qui vont les aider à résister.
A. Comment avez-vous anticipé cette baisse de prix des montures ?
H.G : Après avoir étudié les attentes des consommateurs, nous avons décidé de lancer de nouvelles marques avec une ADN plus premium que luxe, sur lesquelles nous pouvons nous positionner différemment et répondre à cette problématique. En outre, dans les magasins, les opticiens qui le souhaitent auront une offre de niche avec des montures haut de gamme pour apporter de la valeur ajoutée et satisfaire les consommateurs.
A. Quelle est la tendance du marché en termes de fabrication de montures ?
H.G : Il y a une tendance sur l’acétate qui est assez forte. Beaucoup de produits combinés sont présents sur le marché. Des associations de matériaux comme le métal, l’acétate et les composites nouvelle génération.
A. Nous parlons de plus en plus d’Origine France Garantie (OFG) et de made in France, les entreprises d’Oyonnax vont-elles dans cette démarche ?
H.G : Bien que l’axe de différenciation des entreprises et des produits des lunetiers d’Oyonnax soit large (design,créativité, griffes, service, flexibilité, petites séries …), une partie des entreprises à mis en place les démarches et les labélisations pour mettre en exergue le made in France et l’Origine France Garantie comme critère différenciant.
A. Combien de salariés sont employés entre les fabricants et les sous-traitants ?
H.G : Nous avons une quinzaine de fabricants, 450 personnes avec la filière, avec une forte dynamique créative représentant plus 1200 à 1400 nouveaux modèles par an. A titre comparatif : 1500 personnes travaillaient sur le bassin, il y a 20 ans, ainsi qu’une quarantaine d’entreprises mais avec une proposition créative 3 à 4 fois moins importante.
Les labels "Made in France" et "Origine France Garantie" semblent se superposer sans savoir ce qui les différencie vraiment. La matière première acétate est fabriquée en Italie dans les deux cas et certains composants sont souvent fabriqués hors de France dans les deux cas également.
Sauf erreur de ma part, il y a actuellement à Oyonnax moins de 10 TPE qui fabriquent des lunettes, employant moins d'une centaine de salariés. Les autres entreprises de lunetterie d'Oyonnax, TPE ou PME, sont des "marketeurs", importateurs et distributeurs qui ne fabriquent pas ou très peu de lunettes à Oyonnax.
Il y a 30 ans, 38 PME employaient à Oyonnax près de 2000 personnes affectées directement ou indirectement à la fabrication de lunettes en tous genres et totalement "Made in France".
Les fabrications d'origines asiatique, italienne, japonaise, et autres pays sont venues, années après années, concurrencer violemment les fabrications d'Oyonnax et par conséquence entrainer leur affaiblissement.