Près de 3 millions de Français souffrent de daltonisme. 8% des hommes, 0,5% des femmes. Dans le monde, ce chiffre s’élève à 350 millions, pour des pourcentages par genre équivalents. Dans le passé, nous vous avons présenté de lunettes, comme les EnChroma Cx, corrigeant les troubles liés à cette maladie génétique. Des équipements filtrant notamment certaines longueurs d'ondes afin que les porteurs puissent distinguer un éventail plus large de couleurs.
Un filtre spécial
Face à la déficience rouge-vert, un filtre fait naître l’espoir d’une rémission en activant un substrat post-récepteur plastique dans le cerveau. Intégré à des lunettes, ce filtre a permis à des daltoniens les ayant portées de distinguer un éventail plus large de couleurs. «Je peux regarder les arbres et dire clairement que chaque arbre a une nuance de vert légèrement différente par rapport aux autres », explique l’un d’entre eux.
Cette étude, publiée dans Current Biology, a été menée par l’UC Davis Eye Center et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale français (Inserm). Elle a été réalisée pendant 2 semaines avec 2 groupes de patients daltoniens atteints de déficience rouge-vert. L’un a porté des lunettes brevetées spéciales conçues avec des filtres coupe-bande spectraux, l’autre des lunettes sans ce filtre particulier.
Des lunettes efficaces… quand elles ne sont pas portées !
Testés sans leurs lunettes aux jours 2, 4 et 11, il est apparu que ceux ayant bénéficié des verres filtrants répondaient bien mieux au contraste chromatique. En résumé, à l’œil nu, ils distinguaient mieux les couleurs qu’avant pendant un certain temps.
John S. Werner, professeur distingué d'ophtalmologie et chef du service science de la vision à l'UC Davis Health, s’est réjoui de ces résultats. « Nous avons remarqué que ces améliorations persistaient lorsqu'elles étaient testées sans les filtres, démontrant ainsi une réponse visuelle adaptative », a-t-il ajouté.
Une avancée pour la rééducation visuelle ?
Selon les chercheurs, les résultats de cette étude indiquent que les modifications des signaux des photorécepteurs activent un substrat post-récepteur plastique dans le cerveau qui pourrait potentiellement être exploité pour la rééducation visuelle.
« On ne sait pas combien de temps l'amélioration dure sans porter les filtres », explique cependant le Pr Werner. « Mais les preuves montrent que l'effet persiste pendant un certain temps. »