La SNCF Gares et Connexions a annoncé le déploiement, d'ici 2028, de 300 cabines de téléconsultations médicales dans certaines de ses gares. L'appel d'offres lancé au printemps a été remporté par la société Loxamed*, qui avait notamment installé des centres de dépistage du Covid-19 sur les parvis de certaines gares françaises en 2020. La SNCF, de son côté, nous a expliqué que les nombreuses propriétés foncières de la SNCF, dont certaines sont inexploitées, ont déjà trouvé un usage en hébergeant des maisons de santé.
La SNCF acteur de santé
« Nous comptons actuellement 23 services liés au domaine de la santé dans les gares sur l’ensemble du territoire : pharmacies, centres et maison de santé, cabinets paramédicaux, etc.
Nous avons par exemple ouvert en 2023 un centre de santé infirmier à Soisson, un kinésithérapeute s’est installé en gare de Liverdun, des ostéopathes en gares de Entraigues-sur-la-Sorgue et de Maizières-lès-Metz, un cabinet de réflexologie en gare de La-Roche-sur-Yon... Ces services liés à la santé sont plébiscités dans les enquêtes clients que nous avons pu mener et les voyageurs et riverains en souhaitent davantage. À ce titre, et en lien avec les pouvoirs publics, nous souhaitons augmenter le nombre de services de santé en gare ».
Déserts médicaux et maillage territorial
« Ces 300 cabines de téléconsultations ne seront installées qu'en zones de déserts médicaux », nous a assuré la SNCF Gares et Connexions. « Pour l'instant, elles ne concerneront que la téléconsultation en médecine généraliste. Cependant, selon les besoins des territoires et les demandes émanantes des Régions et des ARS, il est envisageable de s'adapter et d'inclure des spécialités médicales ». Chaque patient sera accompagné par un infirmier diplômé d’État et examiné à distance par un médecin exerçant sur le territoire français, de préférence localement. En complément de cette offre commune, d’autres services de santé seront proposés selon les lieux d’implantation, en fonction des besoins locaux (bilans oculaires, diagnostics sport santé…).
La télécabine idéale par Loxamed @V2B/Loxamed – 2023
Des boxes confortables et accueillants
Ces espaces de télémédecine seront installés dans « des boxes de 15 m2 sur les parvis des gares, le temps des travaux dans les gares », a indiqué Arnaud Molinié, président de Loxamed, à nos confrères de France Bleu, tout en promettant « des endroits confortables, accueillants, pour bien prendre en main les patients en téléconsultation ». La SNCF précise que « le prix sera le même que celui d'une consultation classique de secteur 1 », et que les horaires d'ouverture se feront en fonction des flux et reflux de voyageurs dans les gares désignées.
Levée de boucliers des médecins et associations
Cette annonce de télécabines en gares ne plait pas à tout le monde, notamment pas au Conseil de l’Ordre des médecins qui a exprimé une « très profonde inquiétude quant au développement d’une telle activité commerciale et économique de la santé, élément de sa financiarisation déjà à l’œuvre ».
Le syndicat de médecins UFML a également réagit : « Il ne peut y avoir de bonne médecine faite de consommation presse-bouton à distance d’un médecin qui ne connaît pas le patient, son histoire et qui va produire un soin en cinq minutes douche comprise entre sandwich et roman de gare…»
Des associations d'usagers, comme France Assos Santé, regrettent également cette initiative, comme nous l'explique son président Gérard Raymond : « La gouvernance de notre système de santé est tellement éclaté aujourd'hui que tout le monde y met le nez, même la SNCF, dont je pensais que l'activité était de faire partir et arriver les trains en gare. Comment un médecin qui n'a pas de temps pour un rendez-vous physique en aurait-il pour une consultation à distance ? »
*Loxamed est une société créée en 2020, présidée par Arnaud Molinié (ancien haut cadre de Lagardère et Renault), détenue par le loueur de BTP Loxam et la société Capitello Med, spécialisée dans les solutions médicales connectées.
Mais qu'elle se concentre sur son coeur de métier, et, par exemple, fasse en sorte que les menaces de grève de son personnel en fin d'année de devienne réalité. C'est ça que veulent en premier les clients actionnaires de la SNCF que nous sommes.