L'autorité italienne de la concurrence vient de condamner les laboratoires Novartis et Roche à une amende de 182,5 millions d'euros. Les deux géants suisses sont accusés d'avoir conclu un accord illicite pour limiter la distribution d'un traitement contre la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), également utilisé pour soigner certains cancers. Ce médicament, l'Avastin, est commercialisé par Roche et coûte beaucoup moins cher que celui de son concurrent, le Lucentis vendu par Novartis. Les deux traitements sont issus de la même structure chimique, développée par le laboratoire Genentech avant d'être cédée à Roche et Novartis.
Selon l'autorité italienne de la concurrence, les laboratoires suisses auraient présenté l'Avastin comme un produit plus dangereux auprès des médecins et des services sanitaires afin d'accroitre les ventes du Lucentis. Pourtant, plusieurs études ont montré que le niveau d'efficacité d'Avastin est le même que celui du Lucentis pour le traitement de la DMLA.
L'amende pour Roche s'élève à 90,5 millions d'euros et à 92 millions d'euros pour Novartis. Une ardoise qui vient compenser les 45 millions d'euros que cette entente a coûté aux services de santé italiens en 2012 selon une estimation de la commission qui considère que cette perte pourrait dépasser les 600 millions d'euros annuels à l'avenir. Novartis, qui détient 33,3 % des parts du capital de Roche, a rejeté les accusations de comportement anticoncurrentiel et a annoncé vouloir faire appel de cette décision.
En France, la prescription d'Avastin pour soigner la DMLA est interdite depuis 2012 car le médicament ne bénéficie pas d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette indication. Aux Etats-Unis, plusieurs cas groupés d'infection de l'oeil, probablement liés à une mauvaise préparation de l'Avastin, ont dissuadé certains médecins à utiliser le traitement.