Un nouvel épisode de l'affaire Avastin/Lucentis* se serait joué avec le rejet « attendu » par le Conseil d'Etat d'un décret visant à autoriser exceptionnellement l'Avastin des laboratoires Roche dans le traitement de la DMLA, un médicament 30 fois moins cher que le produit traditionnellement employé, le Lucentis de Novartis.
Pour mémoire, ces deux médicaments ont une efficacité égale dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA). Mais seul le Lucentis détient une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette pathologie, l'Avastin étant réservé au traitement de certains cancers colorectaux.
Devant l'absurdité économique de cette situation [la Sécurité sociale a remboursé 428,6 millions d'euros pour le Lucentis en 2013, ndlr], le ministère de la Santé avait annoncé l'adoption prochaine d'un décret autorisant une recommandation temporaire d'utilisation (RTU) pour l'Avastin. Rendue possible depuis 2013, cette mesure aurait permis de vendre ce médicament sans attendre les longues procédures de demande d'AMM qui ne peuvent être initiées que par le laboratoire producteur, soit Roche. Ce dernier n'a cependant aucun intérêt à faire cette demande, puisque c'est sa propre filiale Genentech qui a vendu le Lucentis à Novartis. Roche reçoit donc des royalties sur les ventes de Lucentis...
Selon nos confrères du Parisien, « l'avis confidentiel du Conseil d'Etat sur ce texte aurait été rendu et serait défavorable. Motif : imposer un médicament pour raison économique est contraire à la réglementation européenne. » Les journalistes croient également savoir que la commission de la réglementation de la Caisse nationale d'assurance maladie s'est prononcée sur un nouveau projet de décret, cette fois en faisant appel « à une raison de santé publique ». Mais le Lucentis existant déjà, il y a de fortes chances pour que ce projet soit aussi rejeté. Pour l'heure, le ministère concerné se refuse à tout commentaire.
*Lire notre news :
Affaire Avastin/Lucentis : de nouveaux rebondissements attendus (10/04/2014)