Sur 4,5 milliards de personnes qui ont besoin d’une correction visuelle, seul 1,9 milliard en bénéficie. Plus de 2,5 milliards d’hommes et de femmes vivent donc avec une mauvaise vision non-corrigée et souffrent des conséquences économiques et sociales que cela entraîne. 95% d'entre eux habitent dans des pays en développement, où ils ne sont pas suffisamment sensibilisées à l'impact considérable d'une mauvaise vue ou n’ont pas accès à des solutions élémentaires de correction visuelle. En 2015, les organisations non gouvernementales (ONG) et les entreprises impliquées ont collectivement distribué 8 millions de paires de lunettes dans ces pays. Mais cela reste encore largement insuffisant !
Ces chiffres, qui placent la vision comme le premier handicap physique à l’échelle mondiale, sont tirés du dernier rapport d’Eyelliance, publié le 27 juin 2016 par le Forum économique mondial et auquel Essilor a contribué. Il démontre qu’investir dans l’accès à une correction visuelle permettrait des gains considérables en termes de développement économique et social.
L'économie globale perd 227 milliards de dollars chaque année
Ces nouvelles données mettent en évidence l'ampleur de l’impact de la mauvaise vision sur le développement socio-économique. Alors que 80% des informations passe par la vue, une bonne vision apparaît indispensable pour un bon apprentissage scolaire. Or si la tendance actuelle se confirme, le monde comptera 4,8 milliards de myopes en 2050. Pour les adultes, la correction de la vision représente une retombée économique bien plus immédiate en soutenant la productivité de la main d’œuvre. Elle permet également de rester plus longuement actif et de surmonter l'analphabétisme.
Au total, le rapport estime que l’économie globale perd jusqu’à 227 milliards de dollars de productivité chaque année. Un simple accès aux verres correcteurs pourrait amplifier la productivité de 34%. Toutefois en 2015, seulement 37 millions de dollars ont été alloués au problème de la santé visuelle dans le monde, soit 2 cents par personne dans le besoin. Cela représente moins de 1% des ressources allouées à d’autres problématiques de santé publique, comme la malaria ou l’accès à l’eau potable. « La volonté politique, l'investissement et l'engagement des acteurs de secteur privé peuvent surmonter les barrières d’accès aux soins visuels », insistent les auteurs du rapport.
Objectif : réduire de 29% la mauvaise vision d’ici 2019
Dans ce sens, ces derniers donnent des exemples de modèles d’économie inclusive déployés avec succès, dont le programme Eye Mitra d'Essilor en Inde, et publie une série de recommandations. Ils estiment notamment que Gouvernements, entreprises et partenaires de développement devraient travailler ensemble pour̀ s’engager à relever ce défi mondial. Eyelliance recommande notamment :
- aux ministères de la Santé, de collaborer pour intégrer des programmes de santé visuelle dans les écoles ;
- aux Gouvernements, de s’assurer que les lunettes restent des équipements abordables pour les consommateurs les moins aisés ;
- aux professionnels de la santé visuelle, de rassembler des groupes d’experts et d’évaluer continuellement les compétences requises pour déterminer des prescriptions de qualité et distribuer des lunettes appropriées ;
- aux établissements finançant et administrant la recherche, de déterminer l’approche la plus rentable pour mettre en application des programmes de santé visuelle et évaluer la corréation entre la vision, les accidents de la route, la productivité et l’utilisation des téléphones ou autres appareils mobiles.
Toutes ces recommandations vont dans le sens de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui s’est fixée pour objectif de réduire la mauvaise vision dans le monde de 29% d’ici 2019.