La lunetterie italienne connaît quelques soubresauts depuis le début de la semaine. Après l'accord de fusion signé lundi 16 janvier entre Essilor et Luxottica, une autre opération serait sur le point d'être conclue. Selon certaines sources, LVMH pourrait acquérir jusqu'à 10% du capital de Marcolin, délaissant son courrent Safilo. Objectif : assurer un meilleur contrôle qualité sur la production de ses propres marques.
Après avoir retiré ses licences Tag Heuer et Fred au groupe Logo, "LVMH, comme d'autres groupes de luxe, a décidé de renforcer son contrôle sur la production de lunetterie et travaille à un accord de production avec Marcolin", explique l'agence de presse Reuters, confirmant une information du groupe financier américain Bloomberg. Comme l'a déjà fait Kering, deuxième groupe français de luxe, pour certaines de ses licences, LVMH se prépare à une intégration verticale dans la lunetterie par l'acquisition de capacités de production chez le n°3 du secteur.
Dans le même temps, l'action Safilo, qui exploite des licences LVMH, a perdu hier 14% en Bourse de Milan. Selon l'analyse d'un trader, le lunetier devrait "perdre de juteux contrats". Rappelons que Safilo a renouvelé au mois de décembre un accord de licence avec Christian Dior de LVMH jusqu'en 2020, ce qui est bien en-dessous de la prolongation de 7 ans signée en 2010. Le contrat avec Céline, une autre marque de LVMH, s'achèvera quant à lui au 31 décembre de cette année.
"Nous pensons que les conditions du marché sont beaucoup plus volatiles que dans le passé. Toutefois, cela pourrait signifier un changement dans l'approche de LVMH qui a la capacité financière pour s'insérer dans la lunetterie", selon les analystes de Mediobanca Securities. Si cela se produit, Safilo risque de perdre non seulement Céline et Dior, mais aussi Marc Jacobs, Fendi et Givenchy, ce qui selon certains experts représente une baisse de chiffre d' affaires de 350 millions d'euros par an, soit une réduction de 30%.
On sait depuis plusieurs mois que Marcolin (propriété du fonds de capital investissement PAI Partners) cherche à créer des rapprochements avec d'autres groupes industriels, mais pour le moment, le lunetier italien s'est refusé à tout commentaire.
Le secteur de l'optique est en train d'être chamboulé et de s'organiser pour prendre une dimension planétaire. L'accord EssilorLuxottica, qui a boosté les actions des deux groupes cette semaine (+7,64% pour Essilor et +3,41% pour Luxottica), va accélérer cette année d'autres rapprochements, prises de participation et fusions.