L’une des dernières initiatives en télé-expertise s’appelle Lyleoo. Cette solution de téléexpertise (pas de consultation en direct) a été élaborée par des opticiens, pour les opticiens. Jean-Valery Desens, opticien indépendant à Vallauris (06), est co-fondateur de cette jeune société qui a lancé son activité il y a un peu plus de 2 mois. Le fonctionnement de Lyleoo diffère des autres systèmes dont on a déjà parlé (comme Tessan, Sym ou Medadom) puisqu’elle implique les compétences techniques des opticiens et exige peu d’investissement financier en matériel d'examen de la vue.
« Nous sommes partis du constat qu’il n’y a pas assez d’ophtalmologistes pour assurer la santé visuelle des Français, et qu’ils concentrent souvent leur activité dans la chirurgie au détriment des examens de vue. Pendant ce temps, l'épidémie de myopie galope. Les opticiens doivent réagir et faire valoir leurs compétences. C’est pour cela que nous proposons une solution à portée de main de tous les opticiens particulièrement ceux situés dans des zones carencées ».
Lyleoo promet une ordonnance en 48h, si l'état de santé du patient le permet.
Tout commence par un questionnaire
Le patient qui a besoin d’un nouvel équipement se rend chez un opticien partenaire de Lyleoo. Un questionnaire* est soumis au patient. Après l’avoir rempli avec l’aide de l’opticien, le patient y apporte sa signature électronique. Ce questionnaire constitue un 1er filtre, écartant certains patients à risques.
Réfractions et algorithme
L’opticien enregistre ces informations sur l’interface Lyleoo, puis réalise une réfraction objective, suivie d'une réfraction subjective, ce qui apporte des informations à l’ophtalmologiste. Lyleoo fonctionne avec un algorithme qui croise les données entre le questionnaire et les résultats des réfractions. Cela se traduit par un code couleur (rouge pour « à risque », orange pour « à vérifier » et vert pour « pas de risque identifié »). Il est possible d’ajouter d’autres informations médicales complémentaires, comme le dossier médical du patient, d’anciens fonds d’œil et ses anciennes corrections.
Les informations sont alors transmises à un ophtalmologiste à distance qui finalise l’analyse des informations et délivre, ou non, une ordonnance directement au patient pour un équipement optique, sous 48h ouvrés. Si le patient présente des risques de pathologie, l’ophtalmologiste explique au patient par courrier son refus d’ordonnance et l’invite à prendre un rendez-vous physique via Doctolib.
Des partenariats envisagés avec des industriels de la filière
« Il est encore tôt pour tirer un bilan statistique détaillé de l’activité de Lyleoo, mais pour son 1er mois d’exploitation, 94% des téléexpertises ont donné lieu à l’émission d’une ordonnance, une fois l’étape du questionnaire passée », précise Jean-Valery Desens. « Ce sont en grande majorité des opticiens indépendants situés dans des zones géographiques carencées qui travaillent aujourd’hui avec Lyleoo, et nous expérimentons des partenariats avec des centrales d’achats et des verriers. Les ophtalmologistes qui réalisent les diagnostics exercent tous en France et nombreux sont ceux qui font part de leur intérêt pour notre solution respectueuse de chacun. « Certains prescripteurs estiment que les opticiens sont tout à fait compétents pour réaliser des examens de vue. Les mutuelles aussi peuvent être rassurées : Lyleoo n’est pas un guichet à ordonnances, l’activité de chaque opticien est strictement contrôlée, mais assure leur accessibilité » ajoute le co-fondateur de Lyleoo.
Lyleoo facture l’opticien partenaire :
- Un abonnement mensuel à la plate-forme Lyleoo 289 € HT
- Une tarification au dossier 18 € HT
*Le questionnaire est constitué de 31 items et explore les ATCD généraux, ophtalmologiques, visuels, l’âge du patient et la date de la dernière consultation en présentiel chez un ophtalmologiste. Chaque réponse génère un nombre de points en fonction du risque potentiel de l’item coché.
Je souhaite le rassurer sur notre volonté de travailler de manière constructive avec tous les acteurs de la filière « santé visuelle ». Tout comme lui, j’ai parfaitement conscience que notre solution est perfectible et que l’intégration de la mesure de la pression intraoculaire et d’images du fond d'œil permettrait de consolider le dépistage et le diagnostic par nos ophtalmologistes partenaires.
Notre solution s'inscrit dans une démarche de santé publique et de service au patient dans les zones sous représentées en ophtalmologistes avec des délais d'attente de plusieurs mois.
Fort de ce constat établi depuis de nombreuses années mais sans véritable solution apportée, nous avons fait le choix d’être proactif et de travailler par anticipation.
Nous aussi, nous avons la volonté de consolider les diagnostics. Ainsi une nouvelle version de notre solution, permettant la transmission de données complémentaires à nos ophtalmologistes partenaires, est d’ores et déjà en expérimentation grandeur nature, notamment avec des partenariats avec plusieurs médecines du travail.
Chacun conviendra, qu’en zones sous dotées en ophtalmologistes, notre solution apporte un progrès considérable par rapport à la pratique qui consiste à faire réaliser des ordonnances par des médecins généralistes.
De même, si le renouvellement encadré d’ordonnances avec modification de correction est légal et autorisé, notre solution apporte là encore des garanties supplémentaires au patient. Chacun doit avoir conscience de la difficulté d’accès à un rendez-vous chez un ophtalmologiste dans de nombreux départements français et que 85% de la population est à plus de 45 minutes d’un ophtalmologiste ne pratiquant pas de dépassements. Cette situation engendrant parfois un renoncement aux soins.
LYLEOO a vocation, comme de nombreux autres acteurs, à participer avec ses ophtalmologistes partenaires, en cours de déploiement sur tout le territoire, à l’accès aux soins et aux ordonnances d'équipements optiques dans un délai raisonnable.
LYLEOO n’est pas et ne sera jamais un guichet à ordonnances. Les pratiques de nos clients opticiens sont contrôlées et analysées jour après jour. Toute dérive engendre la résiliation du contrat dans les 48h et nous agissons de la même manière suite au signalement du service fraude d’une mutuelle.
Mais cet examen n'a rien de médical mis-à-part à part le questionnaire, est-ce que le client en est informé? Et quid de la légalité du processus?? (il me semble que la délégation de tâches n'est que pour les orthoptistes, que certains examens dont la PIO et clichés rétiniens sont obligatoires, qu'il y a des limites d'âges, etc...)
Personne ne s'en plaindra jusqu'au jour où...!
En effet, pour son bilan ophtalmologique, le médecin a besoin de la mesure de l’acuité visuelle et de la pression intraoculaire ainsi que des clichés rétinographiques du fond d’oeil. Ces données médicales doivent ensuite être envoyées sur une plateforme indépendante pour une interprétation par l’ophtalmologiste.
Cette nouvelle initiative positive démontre l’utilité de la démarche notamment en mobilité pour les patients ne pouvant pas se déplacer (ou difficilement) mais elle semble incomplète. Avec le collectif Regroupement des Opticiens à Domicile (ROAD), nous proposons une solution de téléexpertise asynchrone complète pour le patient pour que l’opticien puisse pratiquer des actes rémunérés en délégation de tâches avec les ophtalmologistes [...]