L’assureur Generali France va lancer le programme "Vitaly" pour inciter ses assurés à améliorer leur santé avec des bonus. Comme nous vous l'expliquions dans notre news du 7 septembre, il sera effectif à compter du 1er janvier 2017 au sein des entreprises. Si l'idée peut sembler "séduisante" au premier abord, les patients tirent déjà la sonnette d'alarme. Ils craignent notamment un renforcement des inégalités en santé. Ainsi pour le Ciss (Collectif interassociatif sur la santé*), le programme de Generali, une première en France, "ne va pas sans susciter de lourdes interrogations tant au niveau des modalités que du principe même que ce type d’approche peut poser si elle en venait à modifier le cadre légal protecteur qui existe en France en matière de complémentaires santé et de prévoyance".

Un creusement des inégalités de santé

"Proposer l’accès à des produits (achat de fruits et légumes) et services (abonnement de sport ou à des programmes de remise en forme) dans le cadre d’offres négociées avec des partenaires commerciaux n’a rien de très novateur, c’est ce que propose n’importe quelle carte de fidélisation dans la grande distribution par exemple", estime le Ciss. Mais plus étrange encore, le collectif note que "la « carotte » pour motiver l’assuré à recourir à ces offres n’a plus aucun lien avec la santé : réductions auprès d’une agence de voyages ou d’une plateforme de cadeaux en ligne. Cherche-t-on réellement à motiver et accompagner les changements de comportement de ceux qui en ont besoin, ou à gratifier ceux qui n’ont pas de difficultés à se conformer aux standards de prévention ?", interroge-t-il. 

Aussi, "sous couvert de favoriser une approche qui incite les personnes à adopter des comportements globalement reconnus comme bénéfiques pour leur santé, une telle démarche risque de creuser les inégalités de santé en laissant de côté ceux qui auraient le plus besoin d’être réellement accompagnés pour faire évoluer progressivement leur comportement", craignent les associations.

Préserver l’encadrement légal protecteur des contrats de complémentaire santé

Deuxième point soulevé par le collectif : la collecte de données personnelles. "On n’a encore jamais vu un assureur collecter des données pour ne rien en faire ! C’est donc qu’elles seront probablement revendues aux partenaires du programme Vitaly et à bien d’autres assurément", souligne le Ciss qui s'insurge sur le fait que "l’employeur pourrait accéder aux données anonymisées concernant leurs salariés. De quel droit ? Pour quoi faire ? Au bénéfice de qui ?". 

Et alors que les assureurs proposant des contrats de complémentaires santé solidaires (plus de 90 % des contrats en France) sont soumis à l’interdiction de sélectionner leurs souscripteurs, ou de leur proposer des modulations de tarifs, en fonction de leur état de santé, les patients souhaitent que cette réglementation soit préservée et renforcée "puisqu’elle constitue une garantie essentielle contre les excès d’une approche trop individualiste de l’assurance santé".

Pour le collectif, il s'agit tout simplement d'une "bataille industrielle" dans le monde de l’assurance complémentaire pour avoir le plus gros portefeuille d’assurés. "Autant que pour fidéliser des clientèles devenues maintenant très volatiles : elles seront moins tentées d’aller voir ailleurs puisqu’elles perdront leur « cher » programme Vitaly", concluent les associations de patients.

 

*Le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) regroupe 43 associations militant pour les droits des patients et des usagers. Au total, les associations membres de notre collectif réunissent plusieurs centaines de milliers de patients adhérents. Elles couvrent la totalité des pathologies reconnues par le dispositif des 30 affections de longue durée (ALD), et au-delà un très large éventail des problématiques en lien avec la santé.