Profession

« RAC 0 » en optique : les réactions des centrales à la signature du protocole d’accord

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Après notre News du 25 juin avec les réactions des enseignes à la signature du protocole d’accord, nous avons souhaité connaître le point de vue des centrales. Selon eux, cette signature est-elle un risque ou une opportunité pour le secteur ?

Stéphanie Dangre, PDG du Groupe All

Stéphanie Dangre commente dans un communiqué, l’application prochaine de la réforme sur le reste à charge zéro : « avec cette mesure, le Gouvernement remplit sa mission par sa proposition de proposer une lunette qui corrige le(s) défaut(s) visuel(s) quelle que soit la mutuelle du patient. Il s’agit d’une avancée majeure pour les plus démunis et les bénéficiaires de la CMU. Cette réforme est dans la continuité de la prestation que proposent depuis des années les opticiens indépendants du Groupe All ».

En outre, la présidente estime que cette réforme est une opportunité pour les adhérents de la centrale de se différencier : « Il est de notre devoir d’adapter nos offres de qualité à l’intégralité des Français et de l’ajuster à leurs besoins et à leurs budgets. Avec l’adoption de cette réforme, le consommateur récupère sa liberté de choisir avec un reste à charge décidé et non plus subi. Il est libre d’accéder à un équipement optique d’entrée de gamme, de moyenne gamme ou de luxe. Pour les guider dans leur choix, les opticiens indépendants se distinguent par la qualité de leur prestation ».

Et d’ajouter : « Son entrée en vigueur est une opportunité pour vitaliser l’image tronquée des opticiens indépendants qui sont estimés plus chers que les enseignes. Grâce aux centrales comme le Groupe All, les indépendants proposent des tarifs mécaniquement moins chers par le temps passé à comprendre et conseiller leurs clients ». 

Fabrice Masson, directeur général de la Centrale des Opticiens (CDO)

« Dans un contexte clairement offensif, vécu unilatéralement depuis plusieurs années par la profession, nous serions presque soulagés qu’un accord ait été signé. Nous pensons que celle-ci a dorénavant besoin de visibilité et d’apaisement afin d’adapter au mieux ces nouvelles dispositions à la santé visuelle des Français. C’est l’objectif fondamental. Maintenant soyons factuels : le délai de renouvellement à 2 ans est maintenu, les remboursements anticipés et les plafonds de remboursement des verres sont préservés, les prix des offres RAC 0 et de la CMU ont été revalorisés. De plus, l’opticien peut commencer à facturer des prestations, sous conditions certes, mais de surcroît prises en charge, alors que cela faisait 40 ans que la profession courrait après la reconnaissance de son caractère paramédical. C’est loin de valoriser le professionnalisme des opticiens, mais c’est un premier pas vers une reconnaissance et l’élargissement de leur champ de compétences. On pourra regretter la baisse des plafonds montures à 100€, l’anti-reflet et la dissociation montures et verres dans les offres RAC 0.

Pour notre part, nous préférons regarder du côté des opportunités que cela peut apporter aux opticiens indépendants. La principale est celle d’un rééquilibrage du rapport de force vis-à-vis des réseaux de soins grâce à une offre RAC 0 disponible chez tous les opticiens. Nous sommes curieux de voir comment évolueront les offres Prysme (Carte Blanche), Offreclair (Santéclair) et tutti quanti… si elles survivent. La seconde c’est que cela va, de facto, renforcer la segmentation du marché. Avec cette réforme, la guerre des prix a du plomb dans l’aile. La différence va donc devoir se faire ailleurs et nous sommes convaincus que, sur ce terrain, les opticiens indépendants sont naturellement mieux armés. Les valeurs qu’ils véhiculent sont autant d’atouts qui leur serviront demain ».

Fabrice Martinez, directeur des opérations chez Groupe One

« L’accord me semble juste, car il permet au porteur de choisir son équipement sur 2 critères clés : le prix ou la qualité. Chacun pourra statuer en fonction de ses besoins, de ses revenus, ou encore de l’importance qu’il accorde au quotidien à sa vision. La difficulté réside selon moi dans le décodage de la notion de « qualité » induite dans le panier intégralement remboursé. Que signifie ce mot s’il n’est pas accompagné de notions factuelles ? Cette notion me semble floue, et peut engendrer des dérives, car la perception de la qualité peut être subjective. Au final, le consommateur risque de ne pas forcément mieux comprendre ce qu’il achète.

Fidèles à notre philosophie de remettre le commerce au cœur du métier de l’opticien, nous sommes persuadés chez Group One, que cette mesure doit être prise comme une opportunité par nos adhérents. En effet, l’opticien va devoir plus que jamais, se transformer en pédagogue, pour expliquer le contenu de ces fameux paniers ! C’est là que le flou présent dans la notion de qualité devra être expliqué de façon factuelle. Certes, il va falloir travailler le discours, apprendre à utiliser les bons mots, mais c’est à ce prix que le porteur fera le choix de son équipement en toute connaissance de cause. Quelles sont les caractéristiques techniques (et donc les bénéfices pour sa vision quotidienne) des produits contenus dans son panier RAC 0 et dans son panier « marché libre ». Soit il accepte une offre « de base » sans reste à charge, soit il accepte de mettre la main au portefeuille pour monter en gamme, et gagner en confort. Ce choix, il le fait tous les jours pour une multitude de produits. Alors pourquoi pour ses lunettes ? Une nouvelle fois, l’opticien indépendant doit trouver dans cette nouvelle réglementation, un moyen de se distinguer et de valoriser son expérience, en « éduquant » les porteurs. Ceci en les aidant à « décoder » sur des critères factuels, le contenu de chaque panier ».

Jean-Luc Sélignan, président de Club OpticLibre

« Ce protocole constitue un accord a minima. Si l’on compare avec ce qui a été obtenu dans l’audioprothèse, il est clair que l’optique s’en sort moins bien : les prix plafonds des contrats collectifs descendent à 100 € pour les montures et l’accord aura pour conséquence de faire baisser les prix moyens, et donc le marché. Certains points structurels ont été obtenus. La reconnaissance de l’opticien en tant que professionnel de santé par l’attribution d’un code LPP pour l’examen de vue nécessaire à un renouvellement anticipé prépare à d’autres délégations de tâches. Une concertation s’ouvre pour faire évoluer la filière, les formations, les rôles et les responsabilités des opticiens. Enfin, l’accès au RAC 0 pour les clients CMU doublera le montant moyen d’un dossier CMU.

Ce protocole crée de nouvelles règles de fonctionnement du marché, un marché qui sera structurellement déclinant, compte tenu du plafonnement des remboursements montures et du poids de l’offre RAC 0. Il constitue donc un risque pour le marché globalement, mais pas pour tous les opticiens. La mise en place du RAC 0 affaiblit le pouvoir d’attraction des réseaux de soins dont l’utilité sociale en termes d’accès aux soins devient caduque. C’est un moindre risque relatif pour tous ceux dont la clientèle est déjà habituée depuis longtemps à payer un reste à charge justifié par la qualité de leurs produits et de leurs prestations. Et c’est une opportunité pour les opticiens qui s’adapteront aux nouvelles règles ; pour les professionnels de santé dont l’image et la pratique professionnelle démontreront leur légitimité reconnue à faire des examens de vue et de l’adaptation lentilles ».

Matthieu Moise, directeur général de la VDO (Vogue Diffusion Optique)

« Par définition le changement fait peur, mais le RAC 0 est une opportunité pour remettre ses pratiques en question. Pour moi, l'urgence est de réorganiser la filière de santé visuelle et non pas juste de proposer un panier de soins préétabli. De plus, le projet RAC 0 ne prend pas en considération nos fabricants français, je crois que cet accord aurait pu être plus vertueux. Néanmoins, chez VDO, nous sommes persuadés que cette réforme va pouvoir faire le jeu des indépendants. Le taux de satisfaction est excellent chez les opticiens indépendants, toutefois il y a souvent une crainte du consommateur à payer plus cher son équipement. Ce panier RAC 0 va pouvoir rassurer les porteurs, à nous de les faire entrer dans nos magasins ».

Jérôme Schertz, directeur général de Luz, n’a pas pu répondre dans le laps de temps imparti.

 

 

 

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1 commentaire
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Jullien Cat
Dubitatif .... a priori perçu par les centrales comme une opportunité, je ne comprends pas en quoi vendre des montures à 30€ et des verres d'entrée de gammes rassurera mes consommateurs. Au lieu de mettre en lumière ce retour en arrière en terme de qualité par rapport à ce qu'est une offre moyenne à ce jour reposant sur une qualité de fabrication et de service supérieur et dévoiler aux consommateurs qu'une partie faible de la population, habituée aux offres de base ou low cost, bénéficira d'un reste à charge moindre sur ces finitions mais que la plus grande majorité habitué aux qualitatifs moyen et supérieur vont perdre dans la majorité leur remboursement sécurité social passant à 15cts, baisser leur prestation complémentaire santé ( 150€-> 100€ monture et restant à éclaircir une baisse de 30% sur les verres ) pour une cotisation identique voire en inflation. On nous demande plus de travail avec des examens de vue et donc de l'investissement financier et de temps, plus de qualitatif, plus de garantie et de service quand dans le même temps on annonce la baisse des plafonds de remboursement, la baisse des annuités de renouvellement de la part de des complémentaires et maintenant de la sécurité sociale, une baisse de panier moyen avec le RAC 0 sans parler des réseaux de soins, des remboursements différenciés. Je ne vois aucune profession à laquelle on demande ce grand écart et qui bénéficie d'une image aussi médiocre.
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