Nous avons interrogé les enseignes pour connaître leur point de vue suite à la signature du protocole d’accord le 13 juin dernier. Selon eux, est-elle un risque ou une opportunité pour le secteur ?
Marcel Cézar, directeur de la franchise Acuitis
« On ne peut que se féliciter d'avoir obtenu des résultats par rapport à la proposition initiale. Cependant, il est maintenant difficile de savoir ce qu'il va advenir d'ici 2020. Ce laps de temps de mise en place de la réforme est à la fois proche et très loin. Cela nous laisse un an et demi pour se préparer et mettre en place nos politiques commerciales. C'est un saut dans l'inconnu pour la profession, ce qui est forcément une source d'angoisse. Les opticiens vont être en première ligne pour expliquer la réforme aux clients et nous devons trouver des moyens de leur faciliter le quotidien. Là où je suis le plus déçu, c'est le remboursement à 100 € pour les montures, car c'est une vraie catastrophe pour l'industrie de la lunetterie française ».
Didier Pascual, PDG du Groupe Afflelou
«Je pense que le protocole est le résultat de discussions constructives. L’objectif de la réforme d’améliorer la santé visuelle des Français est en partie atteint. Le RAC 0 va permettre l’accès à une correction visuelle de qualité pour des Français démunis et l’alignement de la CMU représente aussi une amélioration sensible. Enfin, la reconnaissance de l’opticien à pratiquer un examen de vue est une avancée forte sur le rôle du professionnel de la santé visuelle. Cela sera une réponse partielle à l’engorgement des agendas des ophtalmologistes. Les négociations menées par André Balbi ont été constructives et couronnées de succès.
Notre secteur doit savoir évoluer et ne pas craindre les réformes. Cette dernière ne représente ni une opportunité ni un risque au sens premier du terme. C’est une évolution qui va dans le bon sens. Alain Afflelou a connu une progression de plus de 4 % en 2017 et la réforme ne change en rien nos perspectives de développement ».
Eric Plat, PDG d’Atol
« Avec ce protocole d’accord, l’opticien est enfin reconnu comme un professionnel de santé, via une prestation d’examen de vue enfin prise en charge par l’Assurance maladie. Cela répond aux objectifs réels de la réforme et à l’attente majeure des porteurs qui est celle d’un meilleur accès aux soins. Partant de là, chaque opticien doit désormais s’interroger sur son approche métier : comment répondre aux besoins des porteurs avec à la fois un panier RAC 0 et une logique de services ? Notre réponse chez Atol passe par une segmentation des magasins. Car le risque existe de brouiller les pistes vis-à-vis du consommateur et de tirer le marché vers le bas ».
Abraham Sebbag, responsable du pôle franchise chez Optic Duroc
« L'intention du Gouvernement de proposer aux porteurs des équipements sans reste à charge est louable. Toutefois, la principale difficulté pour l'opticien sera de clarifier le positionnement de cette offre par rapport notamment au marché libre. A court terme, nous allons passer par une phase de transition avec quelques inquiétudes. Nous allons entreprendre un gros travail de formation et de sensibilisation afin que nos opticiens aient un discours cohérent par rapport à l'offre reste à charge zéro. Il va s'agir de transformer ce risque en opportunité. Nous allons trouver des solutions car notre réseau est structuré et nous avons une proximité avec nos opticiens ».
Jean-Pierre Champion, directeur général de Krys Group
Contacté nos soins, Jean-Pierre Champion « n’a pas souhaité faire de commentaires au-delà des annonces faites par le Rassemblement des opticiens de France (Rof). Notre position est parfaitement alignée avec notre syndicat ».
Yves Guénin, secrétaire général d’Optic 2000
« Après 4 mois de concertation, nous débouchons sur une bonne réforme qui ouvre la voie à une évolution du rôle des professionnels de la filière visuelle : la formation des opticiens en 3 ans est actée ; l’évolution des compétences des opticiens est initiée avec la reconnaissance, via la prestation d’examen de vue, de leur statut de professionnel de santé ; un protocole est envisagé avec les opticiens et les orthoptistes ; et enfin, la télémédecine est reconnue. Concernant le RAC 0, chez Optic 2000, nous nous sommes préparés avec notre Objectif Zéro Dépense. Il convient néanmoins de veiller à ce que le marché libre puisse exister selon ses règles et de ne pas mettre dans l’esprit des consommateurs que la réforme dans son ensemble encadre les prix du marché ».
Stéphane Francese, directeur activité optique, Optique Lafayette
« Ce protocole d’accord marque une avancée majeure et permet d’ouvrir de nouvelles pistes de développement, avec, en particulier, la reconnaissance de l’opticien comme professionnel de santé. Les mesures qui auraient pu être dommageables pour le marché comme pour les consommateurs ont été écartées du protocole final. Bien évidemment, cette réforme va modifier les modalités de vente sur le marché libre. Mais chez Optique Lafayette, nous sommes prêts depuis des années et dans l’air du temps, pourrais-je dire, en termes de prix et de services. Nous sommes donc très confiants en l’avenir ».
Alain Cottet, directeur général de GrandVision – Michel Gouzille, président de Visual et Joseph Lipkin, gérant des opticiens Conseils n’ont pas pu répondre dans le laps de temps imparti.
Comment se fait-il que 62% des opticiens sur le terrain pensent que cette mesure est l arrêt de mort de notre travail ????
99% des opticiens seraient ils donc tous des cons de penser de façon erronée ... ou bien... ?????