Dans les allées du Mido 2025, l'un des plus grands salons mondiaux de l'optique-lunetterie avec le Silmo Paris, une chose frappe particulièrement les visiteurs : l'offre pléthorique de montures.
Sur les 7 halls du parc d'exposition de Milan, 4,5 étaient consacrés aux montures, soit les deux tiers de l'espace. Cette profusion de créativité et d'originalité contraste fortement avec ce que l'on peut retrouver dans les vitrines des magasins d'optique de quartier, même dans les grandes villes.
Le district des créateurs attire toujours beaucoup de monde dans les salons, comme ici au Mido 2025
Une créativité réservée aux salons
Les lunetiers créateurs, mis en avant lors des salons, fascinent opticiens et porteurs par leur originalité de styles et de matériaux. Pourtant, ces créations restent souvent confinées aux événements professionnels, un peu comme les costumes des défilés de mode qui ne sont jamais portés en dehors des podiums ou les concepts cars des salons automobiles qui ne touchent jamais l'asphalte. Cette dichotomie entre l'offre et la réalité commerciale soulève des questions sur la place de la créativité dans l'industrie de l'optique-lunetterie.
Certains modèles de lunettes présentés dans les salons ont très peu de chances de se retrouver dans les magasins d'optique
L'intégration des créateurs par les multinationales
La créativité se retrouve aussi chez les majors. Certains créateurs sont rachetés et intégrés aux multinationales, comme Mikli a pu l'être chez Luxottica ou IC!Berlin chez Marcolin. Ces acquisitions servent de faire-valoir créatif pour être présent sur la totalité de l'offre montures des magasins et séduire les magasins qui ne sont pas généralistes. Si les modèles plus classiques dominent les facings, les montures originales restent souvent des exceptions, mais apportent de la fantaisie et de la différentiation aux magasins qui osent proposer ces montures de caractère.
Dans cette interview vidéo ci-dessus, Lorraine Berton, présidente du Mido et de l'Anfao, a souhaité rassurer sur la verticalisation du marché et l'activité des opticiens
Le chiffre d'affaires des magasins d'optique est assuré aux deux tiers par les verres. Cette réalité économique explique aussi en partie pourquoi les montures créatives, bien que séduisantes, ne trouvent pas toujours leur place dans les magasins. Les acheteurs jonglent entre l'attrait des créations originales et la nécessité de proposer des produits qui se vendent en volume.
Le choix est fait par les opticiens
Les opticiens se retrouvent face à un dilemme : doivent-ils privilégier des marques "qui se vendent", quitte à s'engager sur des volumes importants et des contrats contraignants ? Ou bien miser sur des créateurs moins connus mais plus originaux ? Cette équation complexe influence directement l'offre disponible pour séduire les consommateurs.
Créativité vs rentabilité
La dichotomie entre l'offre des salons et la réalité commerciale dans l'optique-lunetterie met en lumière les tensions entre créativité et rentabilité. Alors que les salons célèbrent l'innovation et l'originalité, les magasins doivent composer avec des contraintes économiques qui limitent la diversité des produits proposés et les restes à charge pour la plupart des clients. Pour les consommateurs, cette situation peut rendre l'achat d'une paire de lunettes moins évident, tandis que les opticiens doivent trouver un équilibre délicat pour satisfaire à la fois leur clientèle et leurs impératifs financiers.