Les fabricants restent positifs et ne comptent pas lâcher prise face au décret sur les planchers et plafonds de remboursement, paru le 19 novembre. S’ils se disent « inquiets des conséquences de la nouvelle réglementation », elle n’est en rien « inéluctable ». « Quand on serre les rangs et qu’on avance ensemble pour défendre la filière, on arrive à se faire entendre », nous précise Ludovic Mathieu, président du Gifo (Groupement des industriels et fabricants de l'optique). C’est pourquoi le syndicat alerte les associations de patients et d’assurés et plus largement l’opinion publique sur « la mise en place d’une santé low-cost, standardisée et nivelée par le bas, où les libertés et les besoins individuels s’effacent derrière des logiques court-termistes ».
Une campagne pour dénoncer « un projet qui n’est pas pertinent »
Pour arriver à leur objectif, les fabricants renforcent leur action entamée au printemps dernier. Les Entreprises de l’Optique Ophtalmique (LEOO) et la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof) viennent de publier une courte vidéo afin de sensibiliser le grand public au « système qui se met en place ». Leur but est d’expliquer en 90 secondes, sans polémique, en quoi les réglementations récentes peuvent avoir des effets contraires aux objectifs affichés. « Les fabricants veulent simplement pouvoir continuer à faire leur métier dans des conditions de concurrence équitable. Ils veulent simplement pouvoir accéder au marché, indépendamment de la générosité des mécanismes de protection sociale, comme c'est le cas dans tous les pays du monde », nous a confié Ludovic Mathieu. Pour les promoteurs du film d'animation, « chacun peut se l'approprier librement, y compris en magasin, à partir du moment où il se retrouve dans le message ».
« L’enfer est pavé de bonnes intentions ! »
Pour le Gifo, le plafonnement des remboursements est « une très mauvaise nouvelle pour les libertés individuelles, le pouvoir d’achat des français, la qualité de la filière et l’emploi industriel ». « La volonté du Gouvernement d’améliorer l’accès aux lunettes du plus grand nombre est louable et nous y souscrivons à 100%, explique Ludovic Mathieu. Toutes nos entreprises ont toujours été, sont et resteront mobilisées pour y contribuer le plus efficacement possible. Malheureusement, l’enfer est pavé de bonnes intentions ! En prenant le problème à l’envers et par le petit bout de la lorgnette, ce texte crée beaucoup plus de problèmes qu’il n’en résout. Sans mise en place rapide de garde-fous, il va condamner nos entreprises et nos emplois ».
Déjà des conséquences négatives sur le tissu industriel
Et depuis l’annonce du projet, les effets sont déjà très préoccupants. « Nous ressentons les conséquences sur le tissu industriel, particulièrement chez les lunetiers, nous a précisé le président du groupement. Même si le décret n’était pas encore paru, l’anticipation s’est traduite par plus de prudence dans les achats. Les réseaux d’assurance, eux-mêmes, ont mis en place des grilles qui cherchent à faire entrer tous les produits dans les plafonds de remboursement ». Selon le Gifo, « le dispositif met ainsi en péril un tissu industriel d’excellence qui emploie, directement ou indirectement plus de 40.000 personnes dans 87 sites en France ».
Toutefois, Ludovic Mathieu reste positif : « Je ne crois absolument pas que la perception actuelle de l’optique soit définitive. On voit d’ailleurs que ce texte, qui n’avait pas vocation à être discuté, est paru avec 8 mois de retard et des inflexions réelles. A partir du moment où nous sommes mobilisés, unis et solidaires, nous pouvons nous faire entendre et faire porter un regard neuf sur notre filière ».