Suite à la suppression de l’article 11 quater C et au maintien consécutif de l’obligation d’ordonnance pour la délivrance de lunettes dans le cadre de du projet de loi Macron, l’Union des Opticiens (UDO) exprime son profond regret. « Certains amendements ont été soutenus sans recul sur la base d’arguments fallacieux et démagogiques, tel celui laissant entendre que des enfants de 5 ans pourraient obtenir des verres correcteurs sans voir au préalable un médecin! Le débat est ainsi pris en otage par des intérêts catégoriels au détriment de la santé visuelle des Français et de l’activité de la filière optique. Dans un esprit de responsabilité et de bon sens, l’Union des Opticiens reste donc en faveur d’un retour à la situation qui a prévalu de 1945 à 2014, c’est-à-dire à la possibilité de délivrer des lunettes sans ordonnance à toute personne âgée de plus de 16 ans, et demande aux pouvoirs publics de faire preuve de courage en soutenant la suppression de la prescription», déclare Catherine de la Boulaye, présidente du syndicat.
« Aucun risque scientifiquement fondé n’a jamais été rapporté et aucun accident sanitaire n’est jamais survenu suite à la délivrance de lunettes sans ordonnance. L’obligation d’ordonnance aura pour effet d’encombrer les cabinets d’ophtalmologie et d’allonger encore le délai d’obtention des rendez-vous déjà long (un an en moyenne aujourd’hui), et ce alors que la France est confrontée à des « déserts médicaux » en matière d’accès aux soins optiques. De leur côté, les opticiens-lunetiers sont très bien répartis sur le territoire et donc à même de servir une politique de santé visuelle de proximité. « Dans ces conditions, maintenir l’obligation de prescription pour la délivrance de lunettes revient à faire disparaître inutilement et sans fondement l’un des services de proximité rendus par les opticiens en matière de santé publique, à savoir la délivrance de lunettes dans un délai rapide», souligne Catherine de la Boulaye.
L’UDO estime que « l’obligation de présenter une ordonnance pour acheter un équipement correcteur aura également des conséquences économiques pour la filière optique. Aujourd’hui, la vente de lunettes sans ordonnance aux personnes de plus de 16 ans représente près de 10% du chiffre d’affaires du secteur. Alors que de nombreuses boutiques d’optique implantées en zones touristiques et frontalières réalisent une part importante de leur chiffre d’affaires grâce à la vente de lunettes à des touristes et à des étrangers, il serait contradictoire de permettre l’ouverture de ces boutiques le dimanche tout en les empêchant de pratiquer leur activité du fait de l’obligation d’ordonnance; dans ces conditions, le maintien de l’obligation de prescription menacera à terme près de 2 400 emplois», insiste Catherine de la Boulaye.
Et de conclure : « Agréés et contrôlés par l’Assurance Maladie, les opticiens-lunetiers sont des professionnels de santé qui offrent des prestations de qualité et exercent leur métier avec un niveau d’éthique exemplaire. En cas de détection d’un problème optique chez un porteur de lunettes, ils orientent immédiatement ce dernier chez un ophtalmologiste. Laisser aux porteurs de verres la possibilité d’acquérir leurs lunettes chez l’opticien favorise ainsi le dépistage des maladies oculaires ».