Alors que le nombre d’enfants myopes est en augmentation à travers le monde*, des chercheurs britanniques ont tenté d’établir un lien entre l’évolution de l’amétropie et la mélatonine, une hormone qui contrôle l’horloge naturelle de notre corps et notamment le sommeil. Après avoir mesuré au réveil les taux de concentration de mélatonine pendant 18 mois sur un groupe de jeunes entre 12 à 19 ans, le constat de l’Ulster University est sans appel : les personnes myopes avaient 3 fois plus de mélatonine dans leur système que celles qui ne l'étaient pas.
Mécanisme de la mélatonine
La mélatonine est une hormone secrétée par la glande pinéale - située à la base du cerveau - dès que la lumière du jour faiblit. C'est grâce à cette substance naturelle que l'organisme se prépare au repos et au sommeil. Son mécanisme est le suivant :
- la glande pinéale est reliée directement aux nerfs optiques ;
- elle est ainsi en prise directe avec la lumière ;
- la mélatonine commence à être secrétée à mesure que la lumière faiblit ;
- le sommeil vient petit à petit.
La mélatonine étant secrétée par la lumière, il faut une stimulation suffisante des cellules de la rétine pendant la journée pour qu'elle soit produite. Sa libération atteint un pic entre 2 et 4 heures du matin pour diminuer et devenir quasi inexistante pendant la journée, du fait de la lumière (naturelle ou artificielle).
Quel lien avec la myopie ?
Si les jeunes myopes examinés avaient un taux de mélatonine plus élevé que les non-myopes au réveil, c’est que leur cycle de sommeil avait été plus court et/ou perturbé. Une étude japonaise, publiée en septembre 2016, démontrait déjà l’importance de la qualité de sommeil chez l’enfant, révélant que les myopes se couchaient une heure plus tard que les non-myopes. En outre, les recherches de l’Ulster University prouvent qu’en augmentant progressivement le cycle de sommeil d’une heure, le taux de concentration de mélatonine au matin diminue.
Les chercheurs espèrent ainsi mieux comprendre comment les troubles du sommeil durant l’enfance peuvent influencer le développement de la myopie. « Nos résultats suggèrent que l’horloge interne des personnes myopes est différente, explique le Pr. Kathryn Saunders, directrice de recherche. Ils nous permettent de mieux cerner les aspects des modes de vie modernes responsables de l’augmentation des cas de myopie ».
Outre l’aspect génétique, il a déjà été démontré que passer plus de temps à l’extérieur diminue le risque d’apparition ou l’évolution de l’amétropie. Il apparaît aujourd’hui que le facteur sommeil pourrait également être sensiblement amélioré. « Si, comme nous le soupçonnons, les perturbations de l'horloge naturelle du corps se révèlent influentes dans le développement de la myopie, les modifications apportées au mode de vie qui visent à renforcer le sommeil sain et les activités extérieures pourraient affecter positivement la santé générale et oculaire », conclut Kathryn Saunders.