Toujours en négociation dans le cadre de la réforme « RAC 0 » en optique, audio et dentaire, les audioprothésistes mettent en garde contre le risque sanitaire grave qu’impliqueraient les modalités et les tarifs que tente d’imposer la Direction de la Sécurité sociale (DSS). « Les enjeux de prévention de la dépendance imposent un vrai engagement de l’Assurance maladie obligatoire », insistent les instances représentatives de la profession*.
« Le projet actuel prévoit l’addition de mesures telles que la fragilisation de l’accompagnement des patients ou l’interdiction de renouvellement avant 5 ans des appareils qui hypothéqueront gravement l’accès aux soins », font savoir les audioprothèsistes. Selon eux, cela pourrait entraîner :
- De futurs déserts en audioprothèse : « Les premières études d’impact montrent que la nouvelle réglementation menacerait la viabilité économique de la filière. Les centres d’audition les plus fragiles devraient mettre la clé sous la porte, avec une raréfaction des audioprothésistes hors des grandes agglomérations ».
- Un accès à l’innovation restreint : « Le non-renouvellement des audioprothèses avant 5 ans empêcherait les patients de pouvoir bénéficier des dernières innovations technologiques et nuirait à la qualité des soins puisque 42% d’entre eux ressentent aujourd’hui le besoin de renouveler leur équipement avant la 5e année ».
- Un accompagnement des patients en danger : « La volonté affichée de dissocier la vente de l’équipement initial des prestations de maintenance et de suivi par l’audioprothésiste mettrait à mal l’indispensable accompagnement du patient. Un suivi de qualité est la condition sine qua non au maintien des performances des appareils et donc au bien-être des malentendants ».
Et de poursuivre : « Les audioprothésistes réaffirment leur volonté de contribuer à cette mesure de justice sociale, et ont pour cela formulé un ensemble de propositions chiffrées solidaires et réalistes, mais redoutent que cette négociation ne se traduise par une trahison de la promesse du chef de l’Etat, promesse essentielle pour la prévention de la perte d’autonomie ».
« La profession unie appelle la Direction de la Sécurité sociale à poursuivre la concertation en se concentrant sur la seule mise en place du « reste à charge zéro », en dotant la mesure de moyens soutenables par la filière et compatibles avec le maintien de la qualité des prestations, pour ainsi éviter un « échec sanitaire » qui pénaliserait les malentendants », concluent les instances.