Et si le juge des référés du Conseil d’Etat prononçait une mesure de suspension provisoire de la RTU (recommandation temporaire d’utilisation) de l’Avastin dans le cadre de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ? C’est en tout cas la volonté du laboratoire Roche qui a déposé une demande en référé et plusieurs questions de fond devant le Conseil d’Etat. Par l’intermédiaire de son avocat, Me François Molinié, Roche a réaffirmé que les conditions n’étaient pas réunies pour garantir la sécurité des patients. « Cette RTU est une mauvaise réponse à un problème qui est avant tout économique », explique-t-il, rapporte le QuotidienduMedecin.fr. Et d’ajouter : « on est en train de créer un problème sanitaire alors qu’il n’existe pas de besoin pour ce médicament dans la DMLA, puisque deux traitements existent déjà ».

 Pour sa part, le Dr Dominique Martin, directeur général de l’ANSM a fait savoir que les conditions de reconditionnements sont très strictes. « L’administration ne se fait qu’en milieu hospitalier et nous avons rédigé des instructions très précises sur la manière dont le reconditionnement doit être effectué par les pharmacies hospitalières », affirme-t-il.

Rappelons que les deux médicaments sont en concurrence depuis le 1er septembre sur le marché, mais le Lucentis coûte bien plus cher (738, 69 euros par injection). Ce dernier est également remboursé à 100% et a mobilisé 428 millions d’euros à l’Assurance maladie rien qu’en 2013. De son côté, l’injection de l’Avastin est facturée 10 euros, soit presque 80 fois moins.

Le conflit dure depuis plusieurs années et Roche a toujours refusé de demander une AMM (Autorisation de mise sur le marché) de l’Avastin pour la DMLA, arguant qu'il existe déjà un traitement pour la pathologie oculaire.