Dans son numéro de juillet, le magazine Le Particulier s'est interrogé sur la qualité des lunettes vendues sur Internet. Le mensuel a mené l'enquête en achetant « 14 paires, pour myopes et presbytes, chez sept e-opticiens » en drive to store ou pure-player (1001opticiens.fr, Confortvisuel.fr, Direct-optic.fr, Expertoptic.fr, Happyview.fr, Misterspex.fr et Sensee.com).
Etape 1 : commande et vérification de l'ordonnance
« Pour tester correctement la qualité des services proposés par ces sites, nous avons acheté, à chacun, deux montures cerclées en plastique, au plus bas tarif proposé, précise dans son article le journaliste Erwan Le Fur, connu également pour ses articles dans 60 millions de consommateurs. Nous avons ensuite directement renseigné les corrections indiquées dans nos ordonnances. À l'exception de Misterspex, tous nous ont demandé de leur faire parvenir notre ordonnance, pour vérification », note-t-il. Pour les verres, l'enquête du Particulier a exigé un traitement anti-rayures « inclus d'office dans l'offre de base de notre panel de sites », et un traitement antireflet « souvent facturé ». « Nous avons aussi toujours été incités à opter pour des verres amincis, effectivement très utiles compte tenu du fort degré de correction demandé, souligne le mensuel. Enfin, à chaque fois, il nous a été proposé d'être mis en contact avec un opticien, par e-mail ou téléphone ». Rappelons que la loi Hamon, visant à « réguler la concurrence » dans notre secteur en réglementant les ventes e-commerce, oblige les sites e-optique à mettre à disposition du client des informations et conseils auprès d'un opticien-lunetier.
Etape 2 : prix et livraison
Premières conclusions de l'enquête : « Alors que les paires de lunettes que nous avons sélectionnées sont de caractéristiques comparables, les prix varient du simple au double : de près de 72 à 160€ pour les unifocaux (prix moyen : 116€), et de près 160 à 270€ pour des lunettes avec verres progressifs (prix moyen : 215€), monture (la moins chère) et frais de livraison compris », explique Erwan Le Fur qui pointe « des tarifs bien supérieurs aux premiers prix mis en avant sur les sites, en raison des traitements (anti-rayures, antireflet et aminci) que nous avons choisis ». Concernant, les délais de livraison, Le Particulier note 4 à 11 jours ouvrés pour les montures à verres unifocaux, et de 7 à 12 jours pour celles dotées de verres progressifs. « Un délai relativement long, d'autant que nos comptes bancaires ont été débités immédiatement après la commande, commente le journaliste. Et, pour deux opticiens en ligne, ces délais étaient même insuffisants : la paire de verres progressifs de Confortvisuel et les deux paires commandées chez ExperOptic ne nous sont parvenues que 20 à 21 jours ouvrés après notre commande, si bien que nous étions hors délai pour en faire tester la qualité ».
Conclusions : montures déformées et progressifs inadaptés
Une fois les commandes reçues, il ne restait plus à l'enquêteur qu'à tester la qualité. « Pour ce faire, nous avons demandé une évaluation (...) à un établissement de formation d'opticiens réputé », explique le mensuel sans donner le nom de ce dernier*. Du côté des unifocaux, si Le Particulier juge globalement que « les équipements s'en sortent plutôt bien, (...) six montures sur onze sont arrivées déformées. Charge alors au porteur d'essayer de régler le problème lui-même, au risque de détériorer son équipement, ou de se rendre dans un magasin d'optique. Mais ce défaut n'est pas rédhibitoire », précise le magazine qui a « considéré que la plupart des paires reçues faisaient l'affaire, à l'exception, cependant, de la paire de lunettes commandée sur le site de Direct Optic qui, visiblement, a connu des problèmes au montage : l'un des verres présente une importante déformation et un traitement antireflet... différent du deuxième ».
Cependant, les conclusions « sont plus réservées pour les lunettes à verres progressifs ». « Des élèves qui me rendraient des lunettes montées de cette manière ne réussiraient pas l'examen », a estimé l'évaluateur d'école d'optique. « Aucune des paires n'a, en effet, passé avec succès l'ensemble des tests, que ce soit du fait d'un écart pupillaire ou d'un montage approximatifs, ou bien à cause d'un défaut dans le centrage vertical des verres. À l'exception d'ExperOptic et Sensee, les opticiens en ligne se sont calés sur un réglage par défaut qui, en l'occurrence, n'a pas convenu à notre porteuse, souligne le journaliste. Malgré la prise de mesure (via l'envoi d'une photo, monture portée), le réglage vertical effectué par Sensee ne s'est, d'ailleurs, pas révélé parfait ».
* Ils ont été évalués selon 4 critères : le respect de l'ordonnance ; la conformité de l'écart pupillaire inscrit sur l'ordonnance ; la conformité du centrage vertical du verre par rapport à l'oeil du porteur ; et la qualité du montage.